Toshiba a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi (heure du Japon) avoir donné son accord pour céder sa division de semi-conducteurs pour une valeur d'environ 2.000 milliards de yens (15 milliards d'euros).

La vente du numéro deux mondial des mémoires Nand, derrière le sud-coréen Samsung Electronics, initialement révélée par Reuters mercredi, est le résultat d'un vote du conseil d'administration de Toshiba réuni mercredi.

Des sources avaient rapporté mardi soir à Reuters que Toshiba penchait à nouveau vers le consortium soutenu par son associé américain Western Digital (WD).

Mais on ne sait pas pour le moment si la décision du conseil d'administration de Toshiba signifie que la vente de la division de semi-conducteurs se déroulera sans heurts, son partenaire américain ayant porté l'affaire en justice, estimant que l'opération ne peut se faire sans son consentement.

Le conglomérat japonais exploite avec le groupe américain sa principale usine de fabrication de puces au Japon.

Dans un avis financier publié en pleine nuit à Tokyo, le conglomérat japonais a dit partir du principe que l'opération ne serait pas remise en cause par cette plainte.

Une porte-parole de WD a dit que la société n'avait pas de commentaire à faire dans l'immédiat.

UNE ÉTAPE CLÉ POUR RESTER COTÉ

Toshiba a précisé que le produit de la vente lui rapporterait 740 milliards de yens après impôt. Cela devrait lui éviter de comptabiliser une nouvelle fois un actif net négatif pour son exercice fiscal qui s'achèvera le 31 mars prochain, évitant ainsi d'être radié de la cote.

Bain, allié au sud-coréen SK Hynix, a convaincu des grands groupes technologiques comme Apple et Dell de le rejoindre pour renforcer son offre. Le fabricant de mémoires Kingston Technology et la société de stockage de données Seagate Technology font aussi partie du consortium.

Si l'annonce de Toshiba fait référence à un groupe incluant des sociétés étrangères, elle ne cite pas SK Hynix.

Elle indique en revanche que deux groupes publics japonais, Innovation Network Corp of Japan (INCJ) et Development Bank of Japan (DBJ), étudient une future alliance capitalistique. Bain avait auparavant proposé à ces investisseurs nippons d'entrer dans le consortium, selon des sources.

Un porte-parole de DBJ a refusé de s'exprimer sur le sujet. Personne chez INCJ n'était disponible dans l'immédiat pour répondre aux requêtes de Reuters.

UN CONSORTIUM FORMÉ DE NOMBREUX MEMBRES

Pour Hideki Yasuda, analyste chez Ace Research Institute, la composition du consortium pourrait poser problème à l'avenir.

"Le grand nombre d'intervenants pourrait compliquer la prise de décision et ralentir les grandes décisions d'investissement", a-t-il souligné, ajoutant que la présence de clients de Toshiba risquait aussi d'avoir une incidence sur la politique de prix.

Si Toshiba a officialisé l'accord plus de neuf heures après les informations de Reuters, c'est parce que le groupe attendait des lettres d'engagement de tous les membres du consortium, a dit une des sources.

Mardi, le consortium soutenu par Western Digital semblait tenir la corde, mais le groupe californien n'était pas d'accord sur le degré de plafonnement de sa participation future dans la filiale de mémoires qu'exigeait Toshiba, avait rapporté une source proche du dossier.

Après une série de revirements, il était temps pour Toshiba de parvenir à un accord.

Ses créanciers le pressaient de conclure avant la fin du mois afin d'obtenir à temps le feu vert des régulateurs japonais nécessaire à la finalisation de la vente avant le 31 mars 2018.

Toshiba cède cette division afin de couvrir les pertes de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse, en dépôt de bilan.

A Wall Street, l'action Western Digital chutait 4,75% vers 15h05 GMT.

(Avec Taro Fuse et Kentaro Hamada; Wilfrid Exbrayat, Claude Chendjou et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Makiko Yamazaki