La crise sanitaire a fait resurgir une vieille querelle sur les méthodes de valorisation des entreprises. L'une des caractéristiques d'un choc du type de celui que nous avons vécu dernièrement – et que nous allons encore traîner un moment, d'une façon ou d'une autre - est qu'il fait voler en éclats les repères classiques. Pour les investisseurs, ce sont les ratios de valorisation qui se retrouvent éparpillés façon puzzle. Et plus encore durant cette crise singulière, qui a érigé au rang de sanctuaire des secteurs déjà richement valorisés, en laissant de côté certains bastions traditionnels. Et ce ne sont pas les résultats publiés la semaine dernière par les GAFA qui vont remettre en cause cette petite théorie, n'est-ce pas ?

Sur la base des bénéfices attendus en 2021, les secteurs les plus décotés au niveau du PER (rapport entre le cours et le bénéfice par action) sont, en Europe et dans l'ordre, l'Automobile, l'Assurance et les télécoms. Cette répartition ne surprendra probablement pas grand monde. A l'autre extrémité du spectre, on retrouve les secteurs des Logiciels et, plus étonnant, de la Chimie, qui se paient plus de 30 fois les résultats attendus en 2021. La Santé est au 3e rang, sans surprise. Pour une illustration sur les grosses capitalisations européennes, cela signifie que Volkswagen est valorisée 6 fois ses résultats 2021, conte 29 fois à son compatriote SAP SE. En France dans le SBF120, le plus gros écart existant est celui qui sépare Peugeot (4,4 fois les résultats 2021) de Neoen (66 fois). En 2020, on continue donc à beaucoup mieux valoriser la croissance et le sex-appeal sectoriel que la décote (manifeste ou présumée).

Sur les marchés ce matin, on ne peut pas dire que les gains de la veille ont fait disparaître les acheteurs : le CAC40 gagnait 0,7% à 4910 points à l'ouverture. Les investisseurs ont l'air de penser que les Républicains et les Démocrates ne pourront pas être longtemps en désaccord sur le plan de soutien en cours de négociation, compte tenu de l'expiration de l'aide hebdomadaire apportée à plusieurs millions d'Américains en grandes difficultés. Quant au coronavirus, la courbe s'infléchit un peu aux Etats-Unis, ce qui contribue à améliorer le moral des troupes à Wall Street, où le Nasdaq a, encore, touché de nouveaux sommets. La palme de la séance est revenue à Donald Trump, qui pense que si Microsoft rachète certains actifs de TikTok, l'administration US devrait recevoir sa part du gâteau pour ses bons et loyaux services . On n'ose imaginer les conséquences d'un précédent tel que celui-là.

Les temps forts économiques du jour

Après la grosse fournée d'indicateurs PMI de la veille, l'agenda est bien moins rempli aujourd'hui. Les prix à la production européens (11h00) précéderont les commandes industrielles de juin aux Etats-Unis (16h00). Ce matin, la banque centrale australienne a laissé ses taux inchangés, comme prévu.

L'euro reste proche de 1,177 USD. L'once d'or stagne aussi, à 1972 USD. Peu d'évolution sur le pétrole, à 40,70 USD le baril de WTI et à 43,80 USD le baril de Brent. Calme plat sur le rendement du T-Bond à 10 ans, à 0,55%. Même constatation sur le Bitcoin, à 11 268 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Arkema : J.P. Morgan relève son objectif de cours de 78 à 100 EUR.
  • Centrica : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 50 GBp.
  • Euronext : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 95 à 113 EUR.
  • Fresenius Medical Care : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 89,30 à 98,50 EUR.
  • Inventiva : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 19,50 à 25,50 EUR.
  • MTU Aero : HSBC passe de conserver à acheter en visant 170 EUR.
  • Lagardère : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours réduit de 12,40 à 12,10 EUR.
  • Lenzing : Deutsche Bank passe de vendre à conserver en visant 40 EUR.
  • Natixis : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 2,80 EUR. KBW passe de sousperformance à performances de marché en visant 2,30 EUR.
  • Nexans : Credit Suisse relève son objectif de cours de 32 à 39 EUR.
  • Nordex : HSBC passe de conserver à acheter en visant 13,10 EUR.
  • Recordati : Jefferies passe acheter à conserver en visant 49 EUR.
  • SIG Combibloc : Research Partners passe de conserver à acheter.
  • Sixt : Baader Helvea passe d'acheter à accumuler en visant 70 EUR.
  • Société Générale : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 21 à 23 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Publications de résultats :

  • Bonduelle : le chiffre d'affaires annuel de l'exercice décalé 2019/2020 atteint 2,85 Mds€, en hausse de 1,4% sur une base comparable, malgré une nette contraction au T4 (avril à juin). Le mix-produit s'est dégradé (stockage de surgelé, destruction de frais…) et les prévisions de résultat opérationnel n'ont pas été tenues. La direction ne peut pas formuler de prévisions pour le nouvel exercice, compte tenu du manque de visibilité. Les résultats annuels seront connus le 28 septembre prochain.
  • Natixis : la banque est dans le camp des établissements déficitaires au second trimestre, avec une perte nette de 57 M€ au T2. Le PNB a baissé de 26% à 1,56 Md€. Le directeur général François Riahi a démissionné pour "divergences stratégiques", remplacé par Nicolas Namias. Jefferies est passé de conserver à acheter ce matin, en visant 2,80 EUR, en jugeant que le T2 marque un point bas, que le changement de CEO est positif et que la rémunération des actionnaires reste intéressante.
  • Valneva : le spécialiste des vaccins était déficitaire au premier semestre, mais il a confirmé son objectif de chiffre d'affaires annuel et a fixé sa projection d'Ebitda entre 0 et -10 M€, contre -35 M€ précédemment.
  • Vilmorin : le chiffre d'affaires de l'exercice clos le 30 juin dernier a atteint 1,43 Md€, en croissance organique de 2,7%, malgré le repli de 1,4% au T4. Le taux de marge opérationnelle courante devrait être proche de 8%, en intégrant un effort de R&D de 260 M€. Les bénéfices seront en baisse, mais ils marqueront une progression sensible sur une base comparable, assure la société, qui précise "malgré la crise sanitaire sans précédent, Vilmorin & Cie devrait ainsi parvenir à préserver son niveau de profitabilité et à afficher des performances financières solides". Les résultats annuels seront publiés le 14 octobre prochain.

La FDA refuse d'approuver la demande de mise sur le marché de DBV Technologies pour Viaskin Peanut chez les enfants de 4 à 11 ans sous sa forme actuelle. GenSight Biologics tire la seconde tranche obligataire de 4 M€ de Kreos Capital. PM Equity rachète 17,8% du capital de DNXCorp à Index Capital Ventures à 10,08 EUR l'action. La Française de l'Énergie a signé un accord-cadre avec 2G Energietechnik pour être approvisionné en unités de cogénération. Atari et Animoca Brands étendent leur collaboration dans le domaine des jeux blockchain, et signent un accord de distribution pour la VCS en Asie. Voltalia lance la construction du parc éolien VSM 4 (59 MW) au Brésil. Europlasma annonce le tirage de la onzième tranche de 200 obligations convertibles en actions. Damartex a publié ses comptes.

Dans le monde

Publications de résultats :

  • AIG : l'assureur américain accuse une perte de 7,9 Mds$ au T2, pour intégrer les risques liés au coronavirus et les manifestations aux Etats-Unis, mais le PDG juge la situation "gérable". Le titre recule de 2,7% après la séance.
  • Bayer : l'agrochimiste allemand a annoncé que son Ebitda avaient atteint 2,88 Mds€ au second trimestre 2020, un peu plus que prévu.
  • Diageo : le spécialiste britannique des spiritueux a publié un chiffre d'affaire annuel très légèrement inférieur aux attentes, et une décroissance organique un peu plus élevée que prévu. Il prévoit un chiffre d'affaires annuel compris entre 43 et 44 Mds€.
  • Evonik : le chimiste a publié des résultats trimestriels supérieurs aux attentes, et a confirmé ses prévisions 2020.
  • GAM Holding : le gestionnaire d'actifs était déficitaire à hauteur de 2 MCHF au premier semestre 2020, avec des commissions et services qui ont baissé de 28% à 123,8 MCHF. Les actifs sous gestion représentaient 119,4 MdsCHF au 30 juin.
  • Infineon : le groupe a perdu 128 M€ sur son 3e trimestre fiscal, à cause de l'intégration de Cypress Semiconductors. Sur le trimestre en cours, il anticipe 2,3 à 2,6 Mds€ de revenus et une marge de 14%.
  • Sony : les résultats opérationnels sont inférieurs aux attentes. La société va racheter 1,6% de ses propres actions pour 100 MdsJPY.
  • Take-Two : l'éditeur de jeux vidéo a bien profité du confinement, avec des chiffres supérieurs aux attentes. Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé à 180 USD. L'action gagne 5 % post-séance.

Donald Trump a déclaré hier, sans rire, qu'une part du prix d'acquisition des actifs anglo-saxons de TikTok par Microsoft, dans l'hypothèse où elle serait réalisée, devrait aller à l'administration américaine, pour son rôle d'entremetteur dans l'opération. La FAA a publié une directive demandant quatre modifications à Boeing en vue de refaire voler le B737MAX, ce qui officialise la dernière étape de la procédure de remise en exploitation de l'appareil. Google a présenté un nouveau Smartphone d'entrée de gamme, le Pixel 4a, et prévoit de lancer des modèles 5G. Par ailleurs, ADT a bondi de 56,56% après une rumeur de prise de participation d'Alphabet, qui pourrait acquérir 7% du spécialiste de la sécurité à domicile pour 450 M$. General Motors essaie de relancer sa plainte pour corruption visant Fiat Chrysler. La famille von Finck vend le solde de ses parts dans SGS, 2,96%, à 2345 CHF. Exor et Covéa ont signé un accord-cadre de coopération qui doit aboutir à la mise en place de partenariats dans le domaine de l'investissement et de la réassurance. Relief Therapeutics a obtenu des résultats positifs en clinique avec RLF-100 (Aviptadil) sur des patients contaminés par la Covid-19. Twitter pourrait avoir à payer au moins 150 M$ à la FTC dans une affaire de violation de la vie privée de ses utilisateurs remontant à 2011. La Commerzbank s'assoit sur les recommandations de son second actionnaire, Cerberus Capital, et nomme Hans-Jörg Vetter à sa présidence.

Ça publie. Walt Disney, Sony Corporation, Fidelity National, Diageo, BP Plc, BMW, Activision Blizzard, Softbank, Intesa Sanpaolo, Infineon, Evonik, Accor

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