La décennie perdue de la Bourse d’Athènes 

La dette grecque connaît un emballement depuis 2011, avec un seul bref passage sous 170% du PIB (c’était en 2012). L’importance de cette dette handicape lourdement le pays et fait craindre aux investisseurs un défaut de paiement. 

La Grèce avait pourtant connu une période de respiration en 2017 avec une reprise du PIB.

Taux de croissance annuel du PIB grecque

Mais à peine le pays avait-il commencé à refaire surface, qu’il est frappé par les conséquences économiques de la crise sanitaire mondiale. Son PIB est en recul de 1% et l'inflation s’évapore, avec des prix en baisse de près de -2%, soulignant une déflation, situation que la Grèce connaît depuis 2013. 

Taux d'inflation en Grèce

Cette baisse des prix généralisée crée un cercle vicieux néfaste pour l’économie grecque : le coût réel de la dette augmente, les ménages attendent de nouvelles baisses de prix pour consommer et donc les entreprises n’écoulent plus leurs stocks et réduisent leur production ainsi que leurs investissements ; les salaires baissent et les recrutements se font plus rares… Le taux de chômage en Grèce est d’ailleurs de 15,5%, l’un des plus élevé d’Europe.

L’ensemble de cette situation économique se reflète assez bien sur l’ASE, pour Athens Stock Exchange. La Bourse d’Athènes a été créée en 1980 sur une base 100 . Celle-ci n’a jamais retrouvé ses plus hauts de 2008 à 5330 points et connait un marché baissier profond depuis lors puisque l’ASE cote aujourd’hui 640 points, affichant ainsi une perte de 88%. Elle évolue de plus sans tendance depuis son plus bas de 2016 à 515 points, niveau qu’elle a retrouvé au moment de l’effondrement des indices mondiaux sous l’effet de la crise sanitaire.

Sur l’année 2020, l’ASE fait partie des derniers de la classe avec une perte latente de 30,5%. En étudiant de plus près ses composants, seulement 6 titres sur 60 sont dans le vert depuis le premier janvier. On peut noter que trois valeurs se détachent de l’indice : Terna Energy spécialisé dans la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables (cette tendance se confirme d’ailleurs dans l’IBEX 35 avec Iberdrola), Papoutsanis  qui commercialise des produits cosmétiques notamment pour les hôtels et Kekrops, active dans l’immobilier de luxe.

Classement des 10 plus fortes variations de l’ASE sur 2020


Chypre sombre sous le niveau de la mer

Indépendante et adhérente à l’Union européenne au sud, administrée par la Turquie au nord, Chypre a longtemps été un sujet de discorde entre Athènes et Ankara. Aujourd’hui, les tensions semblent reprendre de plus belle (comme vous avez pu le lire dans nos Minutes Macro), concernant l’appartenance des zones maritimes (à des fins d’exploitation pétrolière). Tensions qui ont été amplifiées par la collision entre deux navires militaires grecs et turcs en milieu de semaine...

Dans ce contexte de tensions géopolitiques, Chypre avait déjà dû faire face à une conjoncture fortement dégradée.

Avec une économie qui dépend pour plus des 3/4 de l’industrie des services, le pays a rencontré de nombreuses difficultés face à la crise sanitaire. Au sein de ce pan de l’économie, le tourisme représente plus de 20% du PIB global de Chypre. L’exploitation pétrolière et l’industrie financière y ont également un rôle majeur.

À l’image de cette économie de services, Cyprus Stock Exchange General Index (CYSMMAPA) est principalement composé d’entreprises liées au tourisme et au secteur bancaire.

Contrairement à la plupart des indices boursiers, le CSE General Index n’a pas rebondi au mois de mars et continue de creuser des nouveaux plus bas, perdant 30.4% sur 2020.

Au sein de l’indice, on peut souligner les performances désastreuses de A Tsokkos Hotel. La chaîne d'hôtels luxueux a été impactée par l’absence de touristes, perdant ainsi 35.66% de sa valeur boursière depuis le début de l’année.

Chute des arrivées touristiques cet été à Chype

Nous pouvons également citer Pandora Investment qui chute de 31.54%, Hellenic Bank qui recule de 29.95% (et qui représente 13.5% de l’indice) Cyprus Cement qui abandonne 28.63% ou encore Demetra Holding qui est le composant le plus important de l’indice (17,7%) et qui perd 26.56%.

Mais l’indice chypriote en a vu d’autres… Le CSE General qui cotait plus de 5500 points en octobre 2007 se trouve désormais posé sur la barre de 45 points… Cette vertigineuse chute de plus de 99% représente une performance annualisée de -31.2%. Il reste donc à CSE General une marge de 1.2% de baisse afin de maintenir le rythme...