par Alister Doyle

OSLO, 8 janvier (Reuters) - Chaque Norvégien est devenu mercredi théoriquement millionnaire en couronnes norvégiennes, grâce au fonds de pension prudemment mis en place en 1990 dans le pays pour faire fructifier les dividendes de l'exploitation pétrolière.

Le fonds souverain norvégien détient aujourd'hui 1% environ de la capitalisation boursière mondiale, sans parler de son portefeuille d'obligations et de placements immobiliers de Londres à Boston, ce qui fait de la Norvège une exception quand bien d'autres pays croulent sous les dettes.

Selon le site internet de la banque centrale norvégienne, qui le gère, la valeur du fonds a atteint mercredi 5.110 milliards de couronnes (607 milliards d'euros), soit un peu plus d'un million de fois la population norvégienne qui au dernier recensement était de 5.096.300.

Jamais encore ce ratio symbolique du million de couronnes (120.000 euros environ) par habitant n'avait été atteint, a souligné Thomas Sevang, porte-parole de la banque centrale.

Malheureusement pour lui, le Norvégien d'aujourd'hui ne verra pas la couleur de cet argent, mis de côté pour les générations futures quand la manne pétrolière se sera tarie.

D'ici là, comme l'a précisé la ministre des Finances Siv Jensen à Reuters, le fonds permet de lisser l'impact des fluctuations des cours du pétrole et du gaz. Le Norvège est le septième exportateur mondial d'or noir.

"Beaucoup de pays se sont aperçus que les importants bénéfices tirés de l'exploitation de ressources naturelles produisaient des effets qui se révélaient finalement passagers et étaient suivis d'ajustements difficiles", a-t-elle écrit dans un courriel.

Le fonds souverain norvégien représente aujourd'hui l'équivalent de 183% du produit intérieur brut du pays et devrait atteindre un pic de 220% vers 2030.

"C'est un succès en ce sens que le Parlement a réussi à mettre de l'argent de côté pour le futur. Il y a beaucoup d'exemples de pays qui n'y sont pas parvenus", conclut Oeystein Doerum, chef économiste chez DNB Markets. (Alister Doyle, Véronique Tison pour le service français)