"Selon vous, dans l’environnement actuel, le principe de diversification a plus que jamais sa raison d’être…
Jusqu'à récemment nous étions dans un environnement caractérisé par des marchés actions proche des niveaux record, des taux au plus bas, une volatilité faible sur pratiquement toutes les classes d’actifs et une corrélation élevée. Face à ces différents paramètres le principe de diversification a été remis en cause par certains.
Nous sommes d’avis que raisonner ainsi est une erreur. La performance des obligations est en grande partie derrière nous. Les taux sont tellement bas qu’il n’y a aucun doute sur le fait qu’ils remonteront à très moyen terme. Par ailleurs, des incertitudes demeurent liées à l’évolution de la croissance au sein de la zone euro et en Chine, aux conséquences découlant de la sortie de politique monétaire accommodante au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, à l’accentuation des risques géopolitiques… La volatilité qui a déjà augmenté dans le compartiment des devises et des actions a vocation à s’intensifier. La dispersion qui a déjà commencé sur le segment du crédit devrait gagner en ampleur en particulier du fait de difficultés importantes rencontrées par certains émetteurs.

Je pense que le marché se dirige vers un repricing du risque et plus de sélectivité mais je ne crois pas qu’il s’oriente vers un « bear market ». En particulier parce que les grandes banques centrales sont toujours là. Même si la Fed envisage de plus en plus le relèvement de ses taux directeurs, la BCE et la BoJ restent au taquet.
C’est dans ces moments là que le principe de diversification a tout son sens.

Cette diversification ne doit plus se faire selon les classes d’actifs mais par facteurs de risque...
La diversification par une exposition à différents facteurs de risques prend le dessus sur la diversification uniquement par classe d’actifs.

Depuis vingt ans, l’actif de référence qui a servi à procéder à la diversification a été l’actif obligataire. Dans les périodes caractérisées par des perturbations, les obligations ont toujours joué le rôle de soupape de sécurité. Vu les niveaux actuels des taux d’intérêts, leur rôle va être plus limité désormais. Par ailleurs, en raison de la globalisation des sociétés, il est inexact de penser qu’en achetant un fonds spécialisé dans une classe d’actifs seul le risque sous jacent à cette classe d’actifs est pris. Ainsi dans les fonds d’actions américaines, les grandes capitalisations qui composent l’univers d’investissement du gérant peuvent être fortement exposées à des pays émergents. Dans ce cas, au-delà du risque relatif aux Etats-Unis, le risque émergent est également à considérer.

De quelle manière peut-on appréhender cette nouvelle vision de la diversification ?
Une des solutions est apportée par les fonds à performance absolue. De plus quand il s’agit de fonds à faible volatilité, ils offrent une bonne alternative aux placements obligataires. Ces fonds ont pour objectif de délivrer un rendement compris entre 1% et 3% avec une faible volatilité et une bonne capacité à préserver le capital dans les phases de marché difficiles. Il est conseillé de regarder comment ces fonds se sont comportés dans les moments difficiles, notamment lors de la bulle Internet en 2000, de la crise des subprimes en 2008 et de celle des dettes des pays de la zone euro en 2011 et donc de privilégier les fonds avec de longs track records.

Trois principales stratégies sont déployées dans ces fonds…
Certains fonds vont faire principalement des stratégies de portage. Ces fonds ont l’inconvénient d’être directionnels et donc de souffrir le cas échéant en cas de retournement des marchés.
D’autres fonds font de l’arbitrage, autrement dit prennent des positions d’achat/vente sur une classe d’actifs donnée, les actions, le crédit, les matières premières… Ces fonds sont réellement décorrélés. Ils résistent relativement bien dans les phases de stress des marchés.
Enfin, la dernière catégorie réunit des fonds qui ont des biais directionnels mais avec une gestion très stricte au niveau des risques. Ces fonds n’hésiteront pas à se dégager d’une position le cas échéant.
Ces stratégies me semblent complémentaires. C’est la raison pour laquelle nous commercialisons les trois types de fonds.

A l’heure actuelle quelles stratégies vous paraissent cependant les plus opportunes ?
La stratégie d’arbitrage sur la thématique des fusions acquisitions. Nous nous attendons à une poursuite des opérations pour plusieurs raisons. L’argent n’est pas cher. Si l’on se réfère aux sondages à travers le monde des grands Instituts, les dirigeants ont plutôt confiance pour se lancer dans un développement externe de leur société. Multiples d’entre elles ont une faible croissance organique et ont besoin de procéder à des rachats d’entités pour aider leur progression de bénéfices.
Même si l’on ressent une certaine frilosité en Europe et que les soubresauts observés ces dernières semaines ont quelque peu heurté la psychologie de certains responsables, une fois la visibilité meilleure sur le front macroéconomique, la vague devrait reprendre de plus belle.

La stratégie de long short credit est également une stratégie propice au contexte que nous vivons. Un flux abondant est allé sur le crédit High Yield afin de récupérer du rendement. De nombreux acteurs se sont placés sur ces titres sans vraiment connaitre les sous jacents de la classe d’actifs et les sociétés émettrices car la tendance était grandement positive. Depuis l’été 2014, des complications sont apparues. La société Spie a du reporter son introduction en bourse lui servant à rembourser sa dette. Deux autres sociétés significatives, comme PhoneHouse ont fait état d’une faillite. La valeur du titre de cette dernière est alors passés de 100 euros à 2 euros. Ces différents épisodes sont de nature à amener plus de dispersion dans le compartiment et à favoriser ainsi la stratégie long short.

Au-delà de la diversification par facteurs de risque, un autre besoin est instamment ressenti par les investisseurs…
Il s’agit de celui de générer de la performance sur les marchés actions également en cas de baisse. Les stratégies Long Short existantes peuvent apporter des réponses avec leur profil asymétrique, mais ces dernières n’apportent le plus souvent pas de performances quand les marchés se retournent. La bonne nouvelle s’est qu’il existe des stratégies vraiment décorrélées et capable de délivrer des performances positives dans les phases baissières de marché. C’est le cas des fonds CTA, qui sont des fonds de futures systématiques et devraient retrouver de l’engouement dans le contexte actuel.




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