(Actualisé avec précisions et citations)

FRANCFORT, 3 septembre (Reuters) - La Grèce doit franchir l'étape de la revue de son plan d'aide et prouver sa détermination à réformer avant que la Banque centrale européenne puisse inclure ses obligations dans le champ de ses achats de titres sur les marchés, a déclaré jeudi le président de la BCE, Mario Draghi.

La dette souveraine grecque est pour l'instant exclue du programme d'assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE) de la BCE, auquel celle-ci consacre 60 milliards d'euros par mois, en raison de notes trop basses. Mais elle pourrait bénéficier d'une exception au titre de pays bénéficiant d'un programme d'aide.

Mario Draghi a toutefois précisé jeudi que la BCE attendrait, avant de prendre une décision, les conclusions de la revue officielle en cours du programme de réformes, qui doit débuter le mois prochain, et celles de l'analyse du caractère soutenable de la dette grecque par son Conseil des gouverneurs.

"Pour que la dérogation soit de nouveau appliquée, le pays doit se trouver dans le cadre d'un programme d'assistance financière, il doit le respecter et il doit donc faire la preuve d'une maîtrise solide et d'une mise en oeuvre cohérente et significative", a dit le président de l'institution de Francfort lors d'une conférence de presse.

"Il y a aura des étapes qui seront jugées et évaluées au cours des semaines à venir et, sur la base de cette évaluation, le Conseil des gouverneurs prendra une décision."

Des élections législatives doivent avoir lieu en Grèce le 20 septembre et plusieurs sondages publiés ces derniers jours ont donné le parti de droite Nouvelle Démocratie au coude-à-coude avec Syriza, le mouvement de gauche radicale de l'ex-Premier ministre Alexis Tsipras, voire légèrement devant.

Au-delà des résultats des revues en cours, a-t-il précisé, l'éligibilité de la Grèce au QE dépend de certains critères techniques, a précisé Mario Draghi, rappelant que la BCE détenait déjà une part importante de la dette obligataire grecque acquise dans le cadre du programme pour les marchés de titres (SMP).

Or la BCE plafonne ses achats à un tiers de l'encours d'un pays donné pour les maturités éligibles, afin d'éviter des interférences dans l'éventualité d'une restructuration.

La banque centrale a annoncé jeudi le relèvement, de 25% à 33% de la part d'une émission obligataire donnée qu'elle peut racheter dans le cadre du QE, sauf dans les cas où cela reviendrait à lui donner une minorité de blocage.

"Nous allons devoir prendre en compte d'autres conditions", a dit Mario Draghi. "Et au final, il y aura une analyse de la soutenabilité de la dette par le Conseil des gouverneurs."

Il a ajouté que la BCE, pendant les négociations sur la Grèce, s'était opposée à une mise à contribution des clients des banques grecques, une option qu'elle juge contre-productive.

(Francesco Canepa et John O'Donnell; Marc Angrand pour le service français)