(Lire au § 13 que Larry Fink, du fonds d'investissement Blackrock, ne présidait pas le Forum de stratégie et de politique)

WASHINGTON, 16 août (Reuters) - Donald Trump a démantelé mercredi deux commissions consultatives formées de chefs d'entreprise prestigieux, dont un nombre croissant avaient de toute façon annoncé leur démission pour protester contre sa réaction aux violences du week-end dernier lors d'un rassemblement de l'extrême droite à Charlottesville, en Virginie.

"Plutôt que de faire pression sur les hommes d'affaires du Conseil des industriels et sur le Forum de stratégie et de politique, je les arrête tous les deux. Merci à tous", a tweeté le président.

Ces deux commissions censées le conseiller sur sa politique industrielle et économique avaient déjà enregistré un nombre croissant de démissions qui rendaient leur avenir hypothétique, du moins dans leur composition actuelle.

Dans une déclaration, le Forum, qui affirme que son démantèlement a été décidé à la fois par Trump et par ses membres, explique que "l'intolérance, le racisme et la violence n'ont absolument aucune place dans notre pays".

Quelques minutes avant le tweet de Trump, une source avait confirmé à Reuters que des membres du Forum de stratégie et de politique avaient décidé d'autodissoudre cette instance.

CNBC, premier média à donner l'information, précisait que ces hommes d'affaires avaient décidé d'agir "en tant que groupe" pour "condamner" les propos de Trump sur les violents incidents de Charlottesville, et notamment son revirement de mardi soir.

REVIREMENT À LA TRUMP TOWER

Le président américain, qui avait condamné dans une courte allocution lundi à la Maison blanche le racisme, le Ku Klux Klan, les néonazis et les suprémacistes blancs, a en effet de nouveau renvoyé dos à dos les extrémistes de droite et de gauche au cours d'une conférence de presse houleuse mardi soir à la Trump Tower de New York, reprenant ses déclarations déjà contestées du week-end où il avait condamné les violences provenant "de nombreuses parties".

"Ça a été une véritable tempête. On ne sait pas ce qui nous attend, on ne sait pas ce qu'il va dire ou faire", a expliqué un de ces membres à CNBC.

Le revirement de Trump a réactivé les démissions de chefs d'entreprise.

Le mouvement avait été initié dès lundi par le PDG du groupe pharmaceutique Merck, Kenneth Frazier. Dans sa déclaration, Frazier, qui appartient à la communauté africaine-américaine, soulignait que "la force de notre pays découle de sa diversité et des contributions d'hommes et de femmes de fois, de races, d'orientations sexuelles et de convictions politiques différents".

D'autres avaient pris la suite, parmi lesquels Brian Krzanich, du géant des semi-conducteurs Intel, ou encore Kevin Plank, de l'équipementier sportif Under Armour.

Donald Trump avait alors réagi avec ironie à ces démissions. "Pour chaque PDG qui se retire du Conseil des industriels, j'en ai plein d'autres disposés à prendre leur place", avait-il notamment écrit sur son compte Twitter.

Mais le mouvement s'est intensifié après sa conférence de presse de mardi soir, avec les démissions annoncées mercredi de Larry Fink, du fonds d'investissement Blackrock, d'Alex Gorsky, PDG du groupe pharmaceutique diversifié Johnson & Johnson, de Denise Morrison, la PDG des soupes Campbell, ou bien encore d'Inge Thulin, du groupe 3M, le fabricant du Scotch et des Post-it.

Richard Trumka, président de l'AFL-CIO, et Thea Lee, secrétaire générale adjointe de la confédération syndicale, avaient également quitté le Conseil des industriels dès mardi soir. "Je ne peux pas siéger dans un conseil pour un président qui tolère le sectarisme et le terrorisme intérieur", a dénoncé Trumka. (Susan Heavey avec Aparajita Saxena à Bangalore; Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français)