Pour que les marchés turcs profitent pleinement de fondamentaux économiques plutôt favorables, ils vont devoir passer outre des facteurs politiques et géopolitiques pesants. "Lorsque la situation politique sera plus lisible, les marchés s'intéresseront à nouveau aux fondamentaux, comme le rythme de croissance à long terme ou les niveaux de valorisation des actions. Nous sommes convaincus que l'analyse de ces éléments permettra de croire à une progression soutenue des marchés turcs !", assure Eli Koen, Responsable Actions Turques chez Union Bancaire privée (UBP).

A court terme, les facteurs pénalisants devraient donc être les plus importants, à commencer par l'évolution politique du pays après les élections législatives du 1er novembre. "A ce stade, il ne devrait pas y avoir de changement significatif dans les intentons de vote. Les sondages actuels témoignent d'une probable hausse des votes (environ 1 point de hausse) en faveur de l'AKP (Justice et Développement) et du CHP (Parti républicain du peuple), au détriment du HDP (Parti démocrate du peuple) et du MHP (Mouvement nationaliste)", décrit le gérant de l'UBP.

Eli Koen ajoute que "si ces tendances se confirmaient, la répartition des députés ne devrait pas permettre l'émergence d'un parti de gouvernance. Il existe aussi des spéculations, dans la presse turque, quant à un éventuel report des élections compte tenu des tensions à la frontière sud-est du pays. Un tel scénario serait une mauvaise nouvelle pour les marchés financiers."

Car l'autre point d'attention des opérateurs est la situation géopolitique et la proximité de la Turquie avec la Syrie : "A court terme, les opérateurs de marché vont rester focalisés sur le calendrier politique et conserver une attention particulière aux attaques terroristes à la frontière du pays", prédit Eli Koen qui n'exclut tout de même pas des opportunités d'investissement liées au climat géopolitique, et notamment à la détente avec l'Iran.

Lorsque cet environnement sera de nouveau porteur, les marchés devraient trouver des catalyseurs dans les fondamentaux positifs : "pour 2015, le PIB (estimé) turc devrait s'établir à 3%, un rythme modéré par rapport aux niveaux des années passées, mais honorable dans le contexte économique global actuel."

Eli Koen signale particulièrement des secteurs qui se distinguent par une croissance solide : "l'automobile avec des ventes en forte progression (+50% an/an), le secteur immobilier (ventes en hausse de 21% an/an) et les biens de consommation (+10% an/an). Le marché du crédit est toujours en bonne santé (prêts à taux fixe en hausse de 19%)."