(Actualisé avec arrestation de généraux à Dubaï)

par Daren Butler et Orhan Coskun

ISTANBUL/ANKARA, 26 juillet (Reuters) - Des unités des forces spéciales turques, appuyées par des hélicoptères, des drones et la marine, étaient lancées mardi à la recherche d'un groupe de putschistes en fuite, qui auraient cherché à capturer ou à tuer le président Recep Tayyip Erdogan lors de la tentative de putsch du 15 juillet.

Un millier de membres des forces de sécurité sont mobilisés dans la recherche de onze militaires sur les hauteurs environnant la station balnéaire de Marmaris, au bord de la Méditerranée, où le chef de l'Etat était en vacances le soir du putsch manqué, ont rapporté des responsables turcs.

Ces onze soldats faisaient partie d'un commando qui avait attaqué l'hôtel où séjournait Erdogan, lequel venait cependant de quitter les lieux et de prendre un avion à destination d'Istanbul. Sept autres membres de ce commando ont été arrêtés lundi à un poste de contrôle de la police.

"C'était une tentative d'assassinat contre Erdogan et nous prenons les choses très au sérieux. Les recherches se poursuivent à Marmaris et dans les zones environnantes, avec un millier de membres des forces de sécurité, a dit un responsable turc. "La chasse à l'homme continuera jusqu'à ce qu'ils soient retrouvés."

Dans le même temps, les purges se sont poursuivies mardi à travers le pays et la Direction des affaires religieuses a relevé de leurs fonctions 620 autres fonctionnaires, dont des prédicateurs et des enseignants d'écoles coraniques, ce qui porte à plus de 1.100 le nombre de ses salariés mis à pied depuis le coup de force.

UN TIERS DES GÉNÉRAUX ARRÊTÉS

Le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a déclaré que deux ambassadeurs de Turquie, actuellement à Ankara, avaient été limogés. L'ancien gouverneur d'Istanbul Huseyin Avni Mutlu a été interpellé et son domicile perquisitionné.

"Il n'existe aucune institution que cette structure n'avait infiltrée", a déclaré le ministre de l'Energie et gendre d'Erdogan, Berat Albayrak, dans une interview télévisée, en faisant allusion au mouvement Hizmet, du prédicateur en exil Fethullah Gülen, en qui le pouvoir turc voit l'instigateur du putsch.

"Chaque institution doit être examinée et va l'être", a-t-il assuré.

Jusqu'à présent, depuis l'échec du coup de force, plus de 60.000 soldats, policiers, juges et fonctionnaires ont été arrêtés, suspendus ou placés sous enquête.

Un tiers des quelque 360 généraux turcs ont été arrêtés depuis le 15 juillet, et plus de 100 d'entre eux ont d'ores et déjà été inculpés.

Deux généraux turcs basés en Afghanistan ont été arrêtés à Dubaï, a rapporté mardi un responsable turc. Il s'agit du général Cahit Bakir, l'un des commandants des troupes turques servant au sein de la force de sécurité internationale en Afghanistan, et du général Sener Topuc.

Le parlement turc a mis sur pied mardi une commission, soutenue par l'ensemble des partis politiques, chargée d'enquêter sur le putsch manqué et de démêler comment, d'après les autorités, le mouvement de Gülen a infiltré les institutions et mené à bien ce coup de force.

"Les dépositions des accusés sont prises actuellement. Beaucoup d'informations et documents sont recueillis. Ces témoignages nous fourniront un grand nombre de renseignements sur l'influence du mouvement güleniste au sein de la Turquie", a déclaré le ministre de la Justice, Bekir Bozdag, lors des discussions en commission. (Eric Faye pour le service français)