* Les dirigeants des Vingt-Huit vont valider le plan Juncker

* La question des contributions au fonds en suspens

* Russie et Ukraine également au menu

par Gregory Blachier

BRUXELLES, 18 décembre (Reuters) - Les dirigeants européens se sont retrouvés jeudi à Bruxelles pour préparer le lancement du plan d'investissement présenté par la Commission, au cours d'un sommet dont la situation en Ukraine et en Russie devait être la seule autre invitée.

Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Huit doivent valider le plan élaboré pour lever quelque 315 milliards d'euros d'investissements entre 2015 et 2017, essentiellement privés, grâce à une garantie de départ de 21 milliards d'euros.

Ce plan est le troisième pilier, avec le sérieux budgétaire et les réformes structurelles, de la politique de la Commission dirigée par Jean-Claude Juncker, qui se veut davantage portée sur le soutien à la croissance que l'équipe précédente.

Selon le projet de conclusions du sommet qui circulait jeudi à la mi-journée, le Conseil va donc appeler à la mise en place du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS).

"La Commission présentera une proposition en janvier 2015, que les parlementaires de l'Union seront invités à valider d'ici juin afin que les nouveaux investissements puissent être mis en oeuvre dès la mi-2015", dit le texte. "Le FEIS sera ouvert aux contributions des Etats membres, directement ou par l'intermédiaire de banques de soutien nationales."

Si le "plan Juncker" paraît faire consensus, la question de la participation des Etats au FEIS, appelée de ses voeux par le président de la Commission, divise, quand bien même l'exécutif européen assure que les contributions seront exclues du calcul des déficits au regard des règles européennes.

DIVISÉS SUR LA RUSSIE

Certains, à l'image de l'Allemagne, semblent juger le plan suffisant, quand bien même la liste des projets soumis par les Etats membres atteint déjà 1.300 milliards d'euros. D'autres auraient déjà dit vouloir abonder le fonds, comme l'Espagne, la Slovaquie ou la Finlande, dit-on de source européenne.

D'autres enfin, comme la France, attendraient de voir si le dispositif fonctionne pour éventuellement s'engager. A son arrivée au Conseil européen, François Hollande a laissé entendre que Paris soutiendrait d'abord ses propres projets ou les initiatives en partenariat avec des voisins.

"La France va appuyer ce plan d'investissement européen", a-t-il dit. "La France va ajouter des crédits, ajouter des financements pour que dans notre propre pays, il y ait davantage d'investissements, davantage de soutien à la croissance."

Le président a eu des entretiens bilatéraux sur ces dossiers avec le président du Conseil italien Matteo Renzi, autre chef de file des sociaux-démocrates, et avec les chefs des gouvernements espagnol, portugais et la chancelière allemande Angela Merkel.

Paris et Berlin devraient porter conjointement des projets dans la transition énergétique et le numérique. Ces deux domaines figurent parmi les priorités de la Commission au même titre que les infrastructures, l'éducation et la formation.

Le Conseil européen devrait en outre appeler les parlementaires européens à travailler pour offrir à l'UE un cadre législatif plus favorable à l'investissement et demander à la Commission de présenter ses projets de marché unique de l'énergie et de marché unique numérique au premier semestre.

Le dîner de jeudi soir sera, lui, consacré à la crise russo-ukrainienne, encore aggravée par les difficultés de la Russie sur fond d'effondrement du rouble.

Le débat est vif entre des pays qui disent souhaiter une désescalade rapide du conflit entre l'Ukraine et la Russie et ceux qui attendent d'abord de Moscou un "changement radical d'attitude", comme l'a dit en arrivant la Haute représentante de l'UE pour la politique étrangère, Federica Mogherini.

Avant le Conseil, ni un renforcement, ni un maintien ni un allègement des sanctions européennes ne faisaient consensus.

François Hollande, lui, a dit espérer que les conditions puissent être rapidement réunies pour la levée des sanctions.

"Nous savions que (les sanctions) auraient un impact, un impact sur la Russie, mais un impact aussi sur l'Europe", a-t-il dit. "Dès lors que la Russie s'engage dans un processus qui peut être celui de la résolution de la crise en Ukraine, il n'y a pas de raison de prolonger cette situation." (Edité par Yves Clarisse)