* Un outil budgétaire figurerait dans la feuille de route

* Des étapes concrètes en 2018, d'autres d'ici les européennes

* Certains sujets pour les 19, d'autres pour les 27 (Actualisé avec éléments supplémentaires)

par Jean-Baptiste Vey

PARIS, 17 mars (Reuters) - La France et l'Allemagne établiront une feuille de route de réformes de la zone euro d'ici le Conseil européen de la fin juin, ont annoncé vendredi Emmanuel Macron et Angela Merkel, qui espèrent obtenir l'agrément de leurs partenaires à cette occasion.

Cette feuille de route, qui sera progressivement soumise aux autres membres de la zone euro et de l'Union, portera en particulier sur l'union bancaire, le Mécanisme européen de stabilité (MES), une capacité budgétaire, l'innovation et des convergences notamment fiscales, a-t-on précisé à l'Elysée.

"L'objectif est que les Européens, pour les sujets qui sont à 27, et les 19, pour les sujets zone euro, arrêtent en juin une feuille de route de réformes de la zone euro et plus largement un agenda de croissance et d'innovation", a-t-on ajouté.

"Pendant de longues années, l'Europe a attendu que le couple franco-allemand avance et propose (...) Nous y sommes prêts", a dit Emmanuel Macron lors d'une déclaration au côté de la chancelière, avant un diner de travail à l'Elysée.

"Nous proposerons une feuille de route claire, ambitieuse pour cette refondation d'ici au mois de juin", a-t-il ajouté.

Le travail commun portera également notamment sur les migrations, la défense et la politique commerciale.

Pour la zone euro, Emmanuel Macron a souhaité que soient "réarticulées" les principes de responsabilité et de solidarité.

Le maître mot de la discussion vendredi entre le président et la chancelière sur la zone euro a été "la convergence", que les nouveaux outils doivent permettre d'accentuer, a-t-on dit dans l'entourage d'Emmanuel Macron, notamment à travers ce futur "outil budgétaire".

"UNE VOLONTÉ TRÈS FORTE"

Angela Merkel a souligné que la France avait fait des propositions et conduit des réformes et que son gouvernement souhaitait travailler avec elle à "un nouvel avenir".

"Ces efforts sont toujours couronnés de succès quand on travaille main dans la main. Nous ne sommes peut-être pas toujours dès le départ du même avis mais dans l'Histoire, la France et l'Allemagne ont déjà fait beaucoup - vous avez une volonté très forte, nous aussi nous avons une volonté très forte", a-t-elle ajouté.

La dirigeante a mis en avant deux facettes concernant l'Union économique et monétaire : "la stabilisation durable de l'euro et l'amélioration de notre compétitivité internationale" - liée aux capacités d'innovation en Europe.

"Le but est qu'il y ait des premières étapes concrètes qui se fassent dès 2018 pour certaines et d'ici les élections européennes pour d'autres", a-t-on précisé à l'Elysée. Les européennes auront lieu en mai 2019.

Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, qui recevait plus tôt vendredi son nouvel homologue Olaf Scholz, s’est dit confiant que les "difficultés techniques" qui freinent un accord sur de sujets comme l'union bancaire pourraient être surmontées d'ici la fin juin.

Angela Merkel a par ailleurs estimé qu'"en tant qu'Européens nous serons imbattables si nous ne nous laissons pas diviser dans nos relations géopolitiques (...) qu'il s'agisse des relations commerciales ou de la loyauté de la concurrence avec les pays en développement".

Le président et la chancelière ont dit leur solidarité avec les Britanniques après l'attaque sur leur sol de l'ancien agent double russe Sergueï Skripal attribuée à la Russie.

"Nous condamnons cette ingérence russe et ce qui s'est passé puisque tout porte à croire que c'est bien la Russie qui a conduit à cette tentative d'assassinat", a dit Emmanuel Macron, ajoutant qu'il en parlerait "longuement" avec la chancelière.

Angela Merkel a précisé qu'il s'agirait de déterminer "la réaction la plus appropriée". (edité par Benoît Van Overstraeten)