Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les argentiers de la première puissance mondiale ont tendance à nous faire tourner en bourrique. Voilà près d’un an qu’ils promettent un retour vers la normalisation, qui se matérialiserait par une première hausse de leur taux de refinancement, mais l’échéance vient d’être repoussée à neuf reprises, le Comité de politique monétaire semblant faire machine arrière à la moindre contrariété, tétanisé à l’idée de se tromper.

Et bien que Janet Yellen soit la seconde femme la plus influente du monde selon le magazine Forbes, la patronne de la FED, déjà connue pour ses faveurs envers l’expansionnisme du temps de sa vice-présidence, n’a jusqu’ici jamais été très prompte à prendre ses responsabilités face aux caprices des marchés. Non Janet Yellen n’est pas Angela Merkel, qui la précède d’ailleurs au classement du magazine new-yorkais, et son principal objectif sera une nouvelle fois de contenir la volatilité à court terme.

Dans le cas d’une hausse de taux, promise à plusieurs reprises d’ici la fin de l’année par plusieurs responsables de l’autorité monétaire, la Réserve Fédérale devrait donc obligatoirement publier un communiqué très accommodant, incluant des prévisions prudentes et mentionnant qu’aucun nouveau tour de vis n’est prévu cette année. La croissance robuste, le taux de chômage proche du plein emploi et l’inflation hors énergie et alimentation qui flirte avec l’objectif de l’institution soutiennent ce scénario, le plus favorable au Dollar. Bien qu’il soit loin d’être le plus probable en raison des risques liés au ralentissement en Chine et dans les pays émergents et de l’impact qu’aurait un nouveau rallye du billet vert sur leurs coûts de financement, il ne peut définitivement pas être exclu.

Si au contraire, elle venait à différer une telle décision à l’année prochaine pour tenter de canaliser la nervosité actuelle des places boursières, elle enverrait tout de même un bien mauvais signal au sujet de la santé de l’économie mondiale. En cas de statu quo sur ses taux, toutefois plus conforme aux attentes des économistes, la FED pourrait donc continuer de préparer le terrain en confirmant sa volonté d’agir en 2015, ce qui lui laisserait un sursis supplémentaire de 3 mois avant de prendre le risque d’écorner durablement sa crédibilité. Une autre option serait qu’elle annonce des mesures intermédiaires en guise de compensation. Rappelons qu’après 3 QE successifs, son bilan, par exemple, pèse toujours 4500 milliards de dollars, contre 900 milliards avant la crise.

Quoi qu’il en soit, cela fait très longtemps qu’une décision de politique monétaire de la FED n‘avait pas suscité autant d’attentes et d’incertitudes. En matière de trading, il conviendra d’agir l’esprit frais, de réduire ses tailles et d’élargir ses stops pour compenser une volatilité qui sera, au moins ponctuellement, plus exacerbée qu’à l’accoutumée.