par Steve Holland

GREENVILLE, Caroline du Sud, 13 février (Reuters) - Quatre jours après son ample succès dans la primaire du New Hampshire, Donald Trump sera de nouveau ce samedi au centre du débat entre les candidats à l'investiture républicaine, le neuvième du genre depuis le début de la campagne.

Le milliardaire new-yorkais avait boycotté le précédent débat télévisé, juste avant le rendez-vous électoral du New Hampshire, sans que sa décision n'ait d'influence sur l'issue de cette primaire. Il s'est imposé avec plus de 35% des voix et vingt points d'avance sur son plus proche rival, le gouverneur de l'Ohio John Kasich.

Trump fait également la course en tête dans les intentions de vote en vue de la primaire de Caroline du Sud, le 20 février. La dernière moyenne des sondages compilée par le site Real Clear Politics le crédite d'un score un peu inférieur à 36%, loin devant Ted Cruz, le sénateur du Texas qui s'était imposé dans les caucus de l'Iowa, mesuré un peu en-dessous des 19%.

Le sénateur de Floride Marco Rubio arrive en troisième position (14%), devant l'ex-gouverneur et frère et fils de président Jeb Bush (11%) et John Kasich (un peu plus de 6%). Avec 6%, Ben Carson occupe la queue d'un peloton qui s'est réduit à six candidats seulement quand ils étaient encore douze en lice au coup d'envoi de la saison des primaires, le 1er février dans l'Iowa.

Pour ses challengers, il devient urgent de semer le doute sur l'aptitude de Trump à endosser le costume de président de la première puissance mondiale. Le débat retransmis depuis Greenville, en Caroline du Sud, par CBS à partir de 21h00 (dimanche 02h00 GMT), devrait leur en fournir une nouvelle occasion.

"A mon avis, cela va être une mêlée", avance Doug Heye, spécialiste des élections au Parti républicain.

TRUMP DOIT COMMENCER À SE PRÉSIDENTIALISER

Jusqu'à présent, les attaques lancées contre Trump dans ces débats n'ont que rarement rencontré le succès tant le promoteur immobilier, ex-animateur d'une émission de téléréalité, a su à chaque fois retomber sur ses pieds et renvoyer ses adversaires dans les cordes.

Mais la facilité avec laquelle il a recours à l'injure pourrait froisser une partie des votants en Caroline du Sud, où les chrétiens évangéliques constituent un important bloc électoral. En campagne vendredi sur le campus de l'Université évangélique Bob Jones, Jeb Bush a tenté de jouer cette carte: "Y a-t-il quelqu'un qui s'inquiète d'entendre le candidat en tête hurler des obscénités devant des enfants ?", a-t-il demandé.

David Yepsen, directeur de l'institut d'études politiques Paul Simon de la Southern Illinois University, estime que les six candidats encore en lice auront tous quelque chose à prouver ce samedi soir à Greenville.

Trump, dit-il, doit commencer à "se présidentialiser" sans pour autant perdre les caractéristiques qui l'ont propulsé en tête de la course à l'investiture démocrate.

Kasich, arrivé à la deuxième place dans le New Hampshire, doit entretenir la dynamique pour se positionner comme le candidat "modéré". Rubio, qui semblait le mieux placé après l'Iowa pour s'arroger ce statut de "modéré", va devoir effacer sa piètre prestation dans le New Hampshire.

Cruz doit pour sa part solidifier son rang auprès des électeurs évangéliques et Bush démontrer que sa campagne n'est pas vouée à l'échec. Quant à Carson, qui a un temps tenu tête à Trump dans les sondages nationaux, il doit prouver qu'il est toujours dans la course après ses faibles résultats dans l'Iowa (9,3%) et surtout le New Hampshire (2,3%) (Henri-Pierre André pour le service français)