(Actualisé après discours de Scott Pruitt)

par Timothy Gardner

WASHINGTON, 21 février (Reuters) - Le nouveau chef de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), le climatosceptique Scott Pruitt, a déclaré mardi lors de son premier discours à ses employés que les Etats-Unis n'avaient pas à choisir entre l'emploi et la défense de la nature.

Le Washington Post a rapporté dans le même temps que le président Donald Trump s'apprêtait à annuler plusieurs règles édictées sous Barack Obama en matière de protection de l'environnement.

Scott Pruitt, dont la nomination par Donald Trump a été confirmée la semaine dernière, en dépit des 14 procédures qu'il avait engagées contre l'EPA sous ses précédentes fonctions de procureur général de l'Oklahoma, a adopté un ton conciliant mardi pour apaiser les inquiétudes du personnel de l'EPA, disant vouloir "écouter, apprendre et diriger".

"Je suis convaincu que notre pays peut être à la fois pour l'énergie et l'emploi, et pour l'environnement. Nous n'avons pas à choisir entre les deux", a-t-il dit lors d'un discours d'une dizaine de minutes devant quelque 70 employés réunis au siège de l'EPA, qui l'ont applaudi debout à son arrivée.

Comme les démocrates et les défenseurs de l'environnement, beaucoup d'employés de l'EPA s'inquiètent cependant des intentions de l'ancien procureur general de l'Oklahoma, un Etat producteur d'hydrocarbures, qui pourrait revenir sur les efforts engagés ces dernières années par les Etats-Unis pour lutter contre la pollution ou le réchauffement climatique.

De nombreux élus républicains se réjouissent au contraire de sa nomination à la tête de l'EPA, agence qu'ils accusent d'outrepasser ses prérogatives et de détruire des emplois.

CONCESSIONS MINIÈRES

Scott Pruitt et Donald Trump ont exprimé des doutes sur la réalité scientifique du changement climatique et le futur président a promis lors de sa course à la Maison blanche qu'il retirerait les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat.

Le milliardaire s'est également engagé à abroger des règles environnementales instaurées par son prédécesseur Barack Obama, dans le but de soutenir les forages et l'industrie minière sans pour autant nuire à la qualité de l'air ou de l'eau.

Selon le Washington Post, qui cite des sources anonymes, le président américain pourrait signer cette semaine des décrets en ce sens.

Il devrait notamment donner instruction au département fédéral de l'Intérieur de lever l'interdiction frappant l'octroi de nouvelles concessions de mines de charbon sur des terres fédérales.

Le Washington Post fait également mention d'un projet donnant instruction à l'EPA de modifier les objectifs réglementaires de réduction des gaz à effet de serre fixés aux producteurs d'électricité.

Donald Trump compte également ordonner à l'EPA de changer la réglementation sur la protection fédérale des voies d'eau.

Avant l'arrivée de Pruitt, environ 800 anciens employés de l'EPA avaient adressé une lettre ouverte aux sénateurs dans l'espoir qu'ils rejettent sa nomination.

Une trentaine d'employés actuels de l'agence se sont également joints à une manifestation organisée à Chicago par le groupe écologiste Sierra Club.

Les démocrates ont tenté en vain de retarder la confirmation de la nomination de Pruitt en l'interrogeant sur ses liens avec l'industrie pétrolière en Oklahoma.

Dans cet Etat, un juge a ordonné la semaine dernière la remise par Scott Pruitt, d'ici ce mardi, de plusieurs milliers de courriels échangés par les services du procureur avec des compagnies énergétiques, à la suite d'une plainte déposée par le Center for Media and Democracy au nom de la transparence. (Avec Richard Valdmanis; Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)