(Actualisé avec détails, réactions de marché)

par Howard Schneider et Jason Lange

WASHINGTON, 19 août (Reuters) - La décision d'une première hausse des taux d'intérêt depuis 2006 par la Réserve fédérale américaine s'est rapprochée lors de la dernière réunion de la banque centrale en raison essentiellement de la poursuite de l'amélioration du marché du travail aux Etats-Unis.

Cependant, selon le compte-rendu de la réunion du comité de politique monétaire (FOMC) des 28 et 29 juillet, les membres de la Fed se sont, à nouveau, montrés préoccupés par la faiblesse de l'inflation et le piètre état de la conjoncture économique mondiale, deux facteurs qui ne plaident pas en faveur d'un tour de vis monétaire.

Ces dernières précisions ont un moment permis à Wall Street d'effacer ses pertes, les investisseurs en ayant tiré la conclusion que la Fed allait se montrer très prudente en matière de relèvement des taux.

La politique monétaire très accommodante suivie par la Fed -- les taux sont juste au-dessus de zéro depuis décembre 2008 -- est largement considérée comme le principal facteur de hausse de Wall Street ces dernières années.

Mais, à moins d'une heure de la clôture de la séance, le S&P 500 cède près de 0,8%, nombre d'intervenants de marché faisant le pari d'une première hausse des taux pourrait intervenir dès le mois de septembre, lors de la prochaine réunion du FOMC.

Le dollar, qui a bondi de près de 20% face à un panier de devises internationales dans l'anticipation d'un relèvement des taux, perdait 0,62% vers 19h15 GMT.

CONDITIONS D'UNE HAUSSE DES TAUX PRESQUE RÉUNIES

Un membre du comité de politique monétaire était prêt à voter en faveur d'une hausse lors de la réunion du mois dernier tandis que d'autres ont considéré "que les conditions économiques justifiant une remontée des taux d'intérêt sont réunies ou le seront bientôt", selon le texte du compte-rendu.

De ce fait, le comité a dit qu'il ne lui fallait plus constater que "quelques" améliorations supplémentaires sur le marché du travail pour relever ses taux.

Les prochaines statisques relatives au marché du travail seront donc suivies avec encore plus d'attention que d'habitude par les investisseurs.

Outre les données hebdomadaires, publiées le jeudi, relatives aux inscriptions au chômage, le vendredi 4 septembre sont attendues les chiffres de l'emploi pour le mois d'août.

Cela fait 23 semaines d'affilées que ces inscriptions hebdomadaires sont sous la barre des 300.000, signe indéniable d'une nette amélioration du marché du travail. En juillet, le taux de chômage s'est maintenu à un plus bas de sept ans, à 5,3%, conformément aux prévisions des économistes.

Ce taux est proche de celui de 5,0-5,2% que la plupart des responsables de la Fed estiment satisfaisant dans un contexte d'inflation basse.

La Fed reste néanmoins très prudente en raison du bas niveau de l'inflation -- même si elle a remonté pour le sixième mois d'affilée -- et des salaires et, plus généralement, elle s'interroge sur le fait que la reprise, en cours depuis déjà six ans, n'a pas permis de faire remonter la hausse des prix à la consommation près de son objectif de 2%.

"La plupart des membres (...) souhaiteraient avoir davantage de preuves que la croissance économique est suffisamment forte et que les conditions sur le marché du travail se sont améliorées au point qu'ils puissent raisonnablement avoir confiance en un retour de l'inflation vers l'objectif à moyen terme du comité", lit-on encore dans le compte-rendu.

La deuxième estimation du produit intérieur brut (PIB) sera annoncée le 27 août et nombre d'économistes tablent sur une forte révision à la hausse par rapport à la première, ressortie à 2,3% en rythme annualisé. (Benoît Van Overstraeten pour le service français)