WASHINGTON, 2 août (Reuters) - La Chambre américaine des représentants à majorité républicaine a adopté vendredi une loi visant à accélérer les expulsions d'immigrés clandestins mineurs en provenance d'Amérique centrale, qui affluent par milliers depuis plusieurs mois dans le sud-ouest des Etats-Unis.

La loi sur la sécurité aux frontières a été votée par 223 voix pour, 189 voix contre, avec un budget de 694 millions de dollars, après avoir été durcie sous la pression de la droite du Parti républicain, en particulier du sénateur texan Ted Cruz, proche du Tea Party.

La Chambre a sciemment ignoré une menace de veto de la maison blanche mais le Sénat a arrêté ses travaux pour cinq semaines et le sujet ne sera pas remis sur la table avant la rentrée. "Nous ne pouvions pas partir en congés sans prendre une décision", a justifié la représentante du Texas Kay Granger.

Selon cette élue républicaine, la loi votée vendredi servira de marqueur lors des négociations qui s'ouvriront en septembre pour tenter de régler la crise provoquée par l'afflux de 60.000 enfants en provenance du Salvador, du Honduras ou du Guatemala depuis octobre aux Etats-Unis.

Les démocrates jugent que la loi républicaine renverra trop vite et dans des conditions dangereuses ces mineurs ayant fui la pauvreté et la violence des narcotrafiquants. Barack Obama a qualifié le texte d'"extrême" et d'"inapplicable".

Les républicains ont également voté vendredi soir pour annuler la suspension par Obama des expulsions de clandestins arrivés enfants aux Etats-Unis avec leurs parents avant la mi-2007.

Début juillet, Barack Obama avait demandé au Congrès de lui débloquer des crédits de 3,7 milliards de dollars pour faire face à la crise. Jeudi, les démocrates ne sont pas parvenus à faire adopter leur version à 2,7 milliards de dollars.

Face à ce constat, le président américain a prévenu qu'il puiserait dans d'autres comptes pour payer le renforcement de la sécurité aux frontières et la prise en charge en urgence de milliers de jeunes migrants.

"Je dois agir seul parce que nous n'avons pas suffisamment de ressources", a-t-il expliqué.

Le département de la Sécurité intérieure a annoncé dans la soirée le transfert de 405 millions de dollars en provenance de l'Agence de gestion des catastrophes ou encore des gardes-côtes.

La crise provoquée par l'afflux de ces enfants clandestins est devenu un sujet brûlant avant les élections de mi-mandat qui renouvelleront au moins de novembre un tiers du Sénat, l'ensemble de la Chambre des représentants et deux tiers des postes de gouverneurs.

(David Lawder, Richard Cowan; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)