Washington (awp/afp) - De fortes ventes de fin d'année aux Etats-Unis sont une preuve supplémentaire de l'accélération de la croissance, même si l'inflation continue d'être plus faible qu'attendue, selon les statistiques publiées par le gouvernement vendredi.

Les ventes de détail ont grimpé de 0,4% le mois dernier et celles des mois précédents ont été révisées en forte hausse (+0,9% pour novembre, +0,6% pour octobre), faisant du trimestre passé, le plus fort depuis 12 ans en terme de croissance des ventes aux consommateurs.

Dans le même temps, l'inflation mesurée par l'indice CPI des prix à la consommation n'a avancé que de 0,1% en décembre, plombée par un repli des prix énergétiques. Sur un an en 2017, l'indice aura progressé de 2,1%.

Cette association entre une croissance soutenue et une inflation qui reste quasiment muette ne cesse de surprendre économistes et banquiers centraux, certains pensant que l'absence d'inflation n'est que temporaire, d'autres qu'elle reflète des changements structurels de l'économie.

Mais certains économistes ont relevé dans les chiffres de l'inflation en décembre des signes d'une sensible accélération des prix.

Ainsi, si l'on exclut les secteurs volatils de l'alimentation et de l'énergie, l'indice dit "sous-jacent" avance de 0,3% en décembre, soit la "hausse la plus importante depuis janvier 2017", a souligné le ministère du Travail, qui publie ces chiffres. Les prix des loyers ont encore gagné 0,4% en décembre et ceux des soins de santé de 0,3%.

Le secteur de l'énergie, qui avait tiré l'inflation en novembre, est en repli de 1,2% sur le mois. Les seuls prix de l'essence se sont inscrits en baisse de 2,7%, ceux du gaz naturel et du charbon en recul de 2,5%.

Mais sur un an, les prix de l'énergie sont sur la pente ascendante, ayant grimpé de 6,9%, dont 10,7% pour l'essence seul.

Cette légère accélération de l'inflation sous-jacente combinée "au succès des ventes au détail au dernier trimestre va nourrir les attentes sur la hausse des prix", a prédit Chris Low, économiste de FTN Financial.

Le progrès des ventes au détail, une des locomotives de la croissance avec les ventes de services, a signé son rythme annuel le plus fort en décembre depuis 2014 à 4,2%.

Les gains les plus importants ont été enregistrés par le commerce en ligne, dont les ventes ont avancé de 1,2% sur le mois et de pas moins de 13% en un an.

- Montée des taux à court terme -

"La solide augmentation des ventes au détail reflète le gonflement rapide du patrimoine des ménages américains, nourri par la montée du prix des actions et de l'immobilier (...), la confiance élevée des consommateurs et le très bas taux de chômage (4,1%), a affirmé Mickey Levy, de Berenberg capital Markets.

Dans cet esprit, le président de la Fed de New York William Dudley a alerté jeudi sur les risques d'une possible surchauffe économique dans les deux ans à venir, notamment du fait des coupes d'impôts dictées par la réforme fiscale de l'administration Trump.

"Non seulement on a une économie qui croît à un rythme plus rapide que son évolution tendancielle, mais encore elle va recevoir un stimulus supplémentaire en 2018 et 2019 du fait de la réforme des impôts", a-t-il expliqué.

"Cela laisse entendre que la Réserve fédérale (Fed) pourrait avoir à mettre le pied sur les freins plus brusquement. Si cela arrive, on court le risque d'un atterrissage forcé", a-t-il conclu.

Le marché obligataire semblait avoir entendu vendredi cet avertissement, les rendements sur la dette américain à court terme montant à leur plus haut niveau depuis la crise financière.

Le taux d'emprunt sur des bons du Trésor à deux ans a bondi vendredi en milieu de journée jusqu'à 2,02%. Il n'était plus remonté au-dessus des 2% depuis septembre 2008, au moment de la chute de la banque Lehman Brothers qui a donné le signal de la crise financière.

afp/rp