Washington (awp/afp) - Robuste croissance, faible taux de chômage, relance fiscale à l'horizon: la banque centrale américaine (Fed) s'apprête mercredi à relever les taux d'intérêt pour la 3e fois cette année, même si l'inflation n'est pas encore au rendez-vous.

"La réunion du Comité monétaire (FOMC) a repris à 09H00 (14H00 GMT) comme prévu", a indiqué un porte-parole de la Réserve fédérale.

La Fed annoncera sa décision à 19H00 GMT et publiera de nouvelles prévisions économiques sur la croissance, l'inflation, le taux de chômage et surtout les hausses de taux envisagées l'an prochain.

La présidente Janet Yellen, 71 ans, tiendra ensuite une ultime conférence de presse alors que son mandat de quatre ans s'achève en février. Elle sera remplacée par Jerome Powell, un républicain modéré choisi par Donald Trump, qui devrait être confirmé sans accroc à ce poste au Congrès.

Une dernière indication sur l'inflation a été donnée mercredi avec la publication de l'indice CPI qui a augmenté comme prévu de 0,4% en novembre et de 2,2% sur un an. Mais cette hausse est essentiellement le fait d'un bond des prix énergétiques alors que l'inflation sous-jacente, sans les secteurs volatils de l'énergie et de l'alimentation, n'est que de 0,1% sur un mois et 1,7% sur un an.

"Cela ne va pas empêcher la Fed de resserrer les taux aujourd'hui mais pourrait adoucir le ton du communiqué" sur les mises en garde vis-à-vis d'un retour de l'inflation, a affirmé Jim O'Sullivan de HFE.

"Une hausse d'un quart de point de pourcentage (0,25%) des taux d'intérêt à l'issue de la réunion du Comité monétaire (FOMC) est quasiment garantie", a affirmé Andrew Hunter, économiste chez Capital Economics confirmant les attentes des marchés qui, selon les instruments à terme, anticipent cette hausse à 100%. Le relèvement attendu portera les taux directeurs dans la fourchette de 1,25% à 1,50%.

"Le plus intéressant sera en fait de savoir si les perspectives accrues d'un stimulus budgétaire pour bientôt vont conduire les membres du Comité à réviser à la hausse leurs projections de croissance, d'inflation et de taux d'intérêt", a ajouté cet économiste.

La réforme des impôts très favorable aux entreprises, voulue par Donald Trump et actuellement discutée au Congrès, pourrait à court terme doper la croissance d'une économie déjà proche du plein emploi et s'avérer inflationniste.

L'expansion de la première économie mondiale a déjà accéléré l'allure depuis deux trimestres pour dépasser les 3% en rythme annuel.

TROIS OU QUATRE HAUSSES EN 2018

Pour 2018, les projections médianes des membres du Comité jusqu'ici misent sur trois nouvelles hausses de taux en 2018 mais certains économistes, comme Jason Schenker de Prestige economics, pensent qu'elles pourraient être portées à quatre.

Les créations d'emplois ont encore été très vigoureuses le mois dernier et les entreprises signalent de plus en plus de difficultés à trouver des salariés qualifiés. A 4,1%, le taux de chômage est au plus bas depuis plus de 17 ans. Dans ce contexte, la Fed guette une augmentation des salaires et des prix qui, en fait, tarde à se matérialiser.

La banque centrale dont le double mandat est de promouvoir des prix stables et de favoriser l'emploi vise une cible d'inflation de 2% l'an, selon l'indice PCE, un niveau qu'elle estime sain pour l'économie.

Or, l'évolution de cet indice n'était que de + 1,6% sur un an en octobre. Lors de sa dernière intervention devant le Congrès il y a deux semaines, la présidente de la Fed Janet Yellen a répété que la faiblesse de l'inflation n'était que "temporaire" et qu'un resserrement graduel de la politique monétaire était prudent et nécessaire afin d'éviter une surchauffe à venir.

La conférence de presse de la patronne de la Fed à l'issue du Comité monétaire aura un parfum particulier puisque que ce sera la dernière de Mme Yellen, première femme à avoir dirigé la puissante banque centrale. Elle présidera encore une réunion monétaire en janvier, sans conférence de presse, avant de laisser la place début février à Jerome Powell, gouverneur à la Fed depuis cinq ans.

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