Washington (awp/afp) - La Banque centrale américaine (Fed) devrait relever les taux d'intérêts mercredi à l'issue d'une réunion monétaire, au moment où l'économie des Etats-Unis tourne à plein régime et qu'une relance fiscale, voulue par Donald Trump, se profile.

Les très bons chiffres de l'emploi de novembre publiés vendredi ont donné le dernier feu vert guetté par les marchés qui anticipaient depuis un certain temps une hausse modérée d'un quart de point de pourcentage des taux d'intérêt directeurs.

Les nouvelles embauches ont totalisé 228.000 en novembre, dépassant les attentes des analystes qui étaient de 190.000 tandis que le taux de chômage, à 4,1%, est demeuré à son plus bas niveau en presque 17 ans.

"Ce rapport sur l'emploi, même avec la modeste hausse des salaires (+0,2% sur le mois) est suffisant pour convaincre le Comité monétaire (FOMC) de relever les taux", a estimé Joel Naroff, économiste indépendant.

Ce troisième modeste tour de vis monétaire de l'année va porter le coût de l'argent dans la fourchette de 1,25% à 1,5%, ce qui reste néanmoins modéré.

Il vise à normaliser les taux suivant la stratégie progressive conduite par la présidente Janet Yellen qui assure que, même si l'inflation reste pour l'instant sous la cible de 2% visée par la Fed, cela n'est que provisoire et que les prix risquent de s'accélérer.

Ce sera l'avant-dernière réunion monétaire pour Mme Yellen, 71 ans, qui doit laisser la place début février à son successeur nommé par le président américain. Jerome Powell, qui devrait être confirmé sans accroc à la tête de la Fed par le Sénat, est un ancien avocat et banquier républicain de 64 ans, déjà gouverneur à la Réserve fédérale depuis cinq ans.

Après la décision sur les taux prévue mercredi à 19H00 GMT, la patronne de la Fed, qui aura été la première femme à diriger la puissante Banque centrale, donnera une ultime conférence de presse puisque la réunion monétaire de janvier n'en prévoit pas.

La Fed publiera également de nouvelles prévisions économiques que les analystes scruteront de près pour voir si les participants au FOMC intègrent enfin dans leur vision de la trajectoire économique les réductions d'impôts --surtout destinées aux entreprises-- qui se préparent au Congrès.

- Le stimulus: une raison de plus -

"Normalement, ils attendent que les choses soient votées mais peut-être vont-ils commencer à prendre en compte" ce stimulus promu par l'administration Trump, a affirmé à l'AFP Joseph Gagnon, un ancien économiste de la Fed, membre du Peterson Institute for International Economics (PIIE). "Ce sera une raison de plus pour augmenter les taux", a-t-il ajouté.

Pour l'instant, la Fed projette une croissance de 2,4% cette année et de 2,1% en 2018 avec trois hausses de taux d'un quart de point (0,25%).

Le Produit intérieur brut a gagné 3,3% au troisième trimestre en rythme annuel après 3,1% au deuxième trimestre mais seulement 1,2% entre janvier et mars.

L'administration Trump affirme que grâce aux réductions d'impôts, aux renégociations commerciales qui donnent la priorité à "l'Amérique d'abord" et à la dérégulation, la croissance économique peut accélérer largement au-dessus de 3%.

Mais la relance fiscale financée par un creusement du déficit n'est pas du goût de tous les économistes qui estiment qu'elle arrive comme de l'huile sur le feu d'une économie quasiment au plein emploi.

"Nous nous mettons dans une situation budgétaire terrible actuellement", a récemment commenté Alan Greenspan, l'ancien président de la Fed. "L'administration ordonne des réductions d'impôts (...). On a besoin de se concentrer seulement sur la réduction de la dette", a-t-il expliqué.

Les acteurs financiers seront aussi attentifs aux nouvelles prévisions de la Fed sur l'inflation après le coup de mou de l'été.

L'indice des prix PCE n'était qu'à 1,6% sur un an en octobre, mais il devrait "accélérer un peu", a assuré à l'AFP l'économiste Diane Swonk. Elle fait partie de ceux qui croient que, pour contenir une surchauffe, la Fed relèvera les taux quatre fois au lieu des trois jusqu'ici anticipées l'année prochaine.

La Banque centrale estime qu'une inflation à 2%, mais guère davantage, est saine pour la croissance de l'économie.

afp/rp