Washington (awp/afp) - Les robustes créations d'emplois en février aux Etats-Unis, dopées par un climat doux mais aussi par l'optimisme des entreprises après l'élection de Donald Trump, ouvrent la voie à une nouvelle hausse des taux d'intérêt la semaine prochaine.

L'économie américaine a créé 235.000 emplois nets le mois dernier, alors que les analystes en attendaient 188.000, selon les données publiées vendredi par le département du Commerce. Le taux de chômage a perdu un dixième de point à 4,7%.

Le ministère a en outre révisé en hausse le chiffre de janvier qui s'élève à 238.000 nouvelles embauches, un plus haut en quatre mois.

Ces chiffres dynamiques devraient conduire la Réserve fédérale (Fed), qui tient une réunion monétaire mardi et mercredi, à relever les taux d'intérêt pour éviter une surchauffe.

"Tout chiffre au-dessus de 200.000 est un feu vert à une hausse des taux", a déclaré à l'AFP Joe Gagnon, économiste pour le Peterson Institute of International Economics.

"C'est plus qu'assez pour garantir une hausse des taux la semaine prochaine, à moins qu'une astéroïde tombe sur Washington", a assuré pour sa part Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics.

Fait notable, le secteur de la production des biens a créé à lui seul 95.000 emplois, un sommet depuis 17 ans.

Le climat exceptionnellement clément pour un mois de février y est pour quelque chose avec 58.000 nouvelles embauches dans le bâtiment, soit la progression mensuelle la plus forte depuis mars 2007.

UN CHIFFRE "PARFAIT"

C'est ce que s'est empressé de souligner Gary Cohn, le président du Conseil économique de la Maison Blanche: "C'est un chiffre parfait. Nous avons dit que nous voulions ramener les emplois (aux Etats-Unis). Ce chiffre reflète ce que l'on essaye de faire", a-t-il déclaré sur la chaîne CNBC, rappelant les promesses des grands patrons américains régulièrement invités par Donald Trump à la Maison Blanche.

"Quand vous regardez (...) tous ces PDG que nous avons amenés (à la Maison Blanche), que ce soit Exxon, Sprint ou Intel, ils ont promis d'énormes créations d'emplois aux Etats-Unis. Ces emplois n'ont pas encore été créés, ce sont de futures embauches", a-t-il assuré.

Depuis trois mois, la moyenne mensuelle des embauches a grimpé à 209.000 contre 179.000 pour les trois mois précédents, pendant lesquels la virulente campagne électorale avait rendu certains entrepreneurs frileux et hésitants.

En février, les Etats-Unis comptaient 7,5 millions de chômeurs, le taux de sans-emplois parmi les blancs tombant à 4,1%, moitié moins que celui des Noirs (8,1%) et inférieur à celui des Hispaniques (5,6%).

Les travailleurs contraints à un emploi à temps partiel sont restés nombreux à 5,7 millions.

Hormis dans la distribution où les emplois ont chuté après de fortes embauches le mois d'avant, le rapport sur l'emploi était solide sur tous les fronts.

Les analystes remarquaient notamment un bond de près de 30.000 embauches dans le secteur de l'éducation qu'ils attribuaient à un regain d'investissements des entreprises dans la formation continue, signe de confiance dans l'économie.

Autre signe d'optimisme, de la part des travailleurs cette fois, le taux de participation à l'emploi, qui compte ceux qui travaillent ou cherchent activement un emploi, a grimpé à un sommet depuis mars 2014, à 63%.

Cela montre que les personnes sans emploi, qui étaient autrefois découragées, commencent à revenir sur le marché du travail.

Pour Paul Ashworth de Capital Economics, ce rapport sur l'emploi "va lever les doutes qu'il reste sur une hausse des taux la semaine prochaine".

La présidente de la Fed Janet Yellen, qui tiendra une conférence de presse mercredi à l'issue du Comité monétaire, a averti récemment qu'un nouveau modeste relèvement du coût du crédit était sur la table.

Cela représenterait la deuxième hausse d'un quart de point de pourcentage en quatre mois et la première depuis l'investiture de Donald Trump à la Maison blanche fin janvier.

afp/jh