Washington (awp/afp) - Les gains d'emplois dans le secteur privé aux Etats-Unis ont sérieusement ralenti en avril faisant douter les analystes sur la robustesse du marché de l'emploi dont les chiffres officiels sont publiés vendredi.

Le secteur privé a créé 156.000 emplois en avril, selon l'enquête mensuelle ADP alors que les analystes misaient sur 196.000 nouvelles embauches. Le mois d'avant, le secteur privé avait procédé à 194.000 nouvelles embauches.

En rythme annuel, cette croissance d'emplois de seulement 0,5% dans le privé le mois dernier est la plus faible depuis trois ans.

Ce chiffre décevant a jeté un froid sur les attentes des économistes pour le rapport officiel sur l'emploi vendredi.

Leurs projections médianes misent sur des embauches soutenues à 207.000 pour secteur privé et public confondus, proches de celles de mars. Ils tablent sur un taux de chômage stable à 5%.

"La croissance de l'emploi ne peut pas continuer à chevaucher au dessus de la barre des 200.000 quand le marché du travail approche le plein emploi", a souligné Paul Ashworth de Capital Economics qui a descendu à 170.000 sa prévision des créations d'emplois pour avril.

Au cours des trois derniers mois, l'économie américaine a créé 209.000 nouveaux emplois en moyenne chaque mois. Au rythme de croissance actuelle de la population participant au marché du travail, il suffit d'une centaine de milliers d'emplois nouveaux par mois pour que le taux de chômage n'augmente pas.

Pour Jim Sullivan, de HFE, les données de l'enquête ADP ont l'air "faibles" mais il rappelle qu'elles ne sont "pas infaillibles", soulignant que leur marge d'erreur a été de 35.000 en moyenne chaque mois sur l'année.

Il concède néanmoins que sa confiance a été ébranlée sur ses prévisions optimistes de 230.000 nouvelles créations de postes en avril.

Pour Mark Zandi, l'économiste en chef de Moody's Analytics, qui compile les données de l'étude ADP, le ralentissement notable reflète peut-être l'impact des turbulences sur les marchés financiers qui ont conduit les entreprises à être prudentes dans les embauches.

Tous les secteurs ont été concernés. Les industries manufacturières ont continué de débaucher (-11.000 emplois).

-Données économiques ambiguës-

Dans un rapport séparé, le gouvernement a également annoncé que la productivité au 1er trimestre avait de nouveau reculé, accusant son quatrième repli trimestriel en six ans.

Elle a perdu 1%, un retrait qui s'est noué sur fond de ralentissement de la croissance aux Etats-Unis au premier trimestre (+0,5% en rythme annualisé).

Autre donnée ambiguë, le déficit commercial, publié pour le mois de mars, s'est spectaculairement réduit (-13,9% sur un mois) du fait d'une chute des importations (-3,6%). Celle-ci est particulièrement marquée pour les importations de biens qui accusent un déclin de 9,9%, soit le plus fort recul depuis octobre 2008 alors que l'économie américaine était en plein marasme financier.

Cette performance du commerce extérieur inquiète un peu les analystes sur l'allant des consommateurs américains. "C'est à se gratter la tête", affirme Patrick Newport, économiste pour IHS Global Insight qui relève pourtant qu'en mars les dépenses de consommation avaient été stables.

Comme l'a relevé mardi un représentant de la Réserve fédérale, les données économiques "sont ambiguës" en ce moment avec le ralentissement de la croissance observé au 1er trimestre, ce qui justifie la prudence de la banque centrale qui a laissé ses taux inchangés fin avril.

La Fed aura à sa disposition deux rapports sur l'emploi, celui de vendredi et celui de début juin, avant sa prochaine réunion monétaire prévue les 14 et 15 juin.

Point positif, l'activité dans les services s'est accélérée en avril pour le deuxième mois d'affilée, suivant l'indice des directeurs d'achats de l'association professionnelle ISM, très suivi par les marchés.

Le secteur des services a aussi été le moteur des créations d'emplois le mois dernier, selon l'enquête ADP (+166.000).

afp/rp