Washington (awp/afp) - La Réserve fédérale américaine (Fed), qui conclut mercredi une réunion monétaire de deux jours, devrait confirmer qu'elle va poursuivre la hausse des taux cette année, même si la croissance a faibli au 1er trimestre, estiment les analystes.

Les marchés ne s'attendent toutefois pas à un relèvement des taux d'intérêt dès mercredi, à l'issue de cette réunion ordinaire, sans conférence de presse pour la présidente Janet Yellen.

Mais les économistes prévoient que la banque centrale, qui mise sur deux hausses des taux d'ici la fin de l'année après déjà un relèvement en mars dernier, laisse la porte ouverte pour un resserrement du crédit en juin.

Le communiqué du Comité monétaire (FOMC) est attendu à 18H00 GMT.

"Le principal défi pour la Fed sera de prendre acte de la mollesse des données économiques récentes tout en continuant à signaler que ses plans pour la normalisation de la politique monétaire demeurent intacts", ont estimé dans une note les économistes de Barclays Research qui misent sur deux hausses, l'une en juin et l'autre en septembre.

La croissance de la première économie mondiale a été décevante au 1er trimestre, n'affichant que +0,7% contre 2,1% au 4 trimestre 2016, alors que les analystes s'attendaient à +1,1%.

Même si le moral des consommateurs semble au beau fixe après l'élection de Donald Trump, selon les enquêtes de conjoncture, ils ne sont pas passés à l'acte dans leurs dépenses et la consommation a quasiment stagné.

"Ce n'est pas parce que les gens se disent heureux qu'ils agissent en conséquence" pour l'économie, a commenté l'économiste indépendant Joel Naroff qui relativise l'importance de cette médiocre performance, car tous les hivers ces dernières années ont ralenti l'expansion.

"Les membres de la Fed vont ignorer la croissance apathique (...). Les chiffres de l'inflation sont parvenus à la cible visée (de 2%) et le marché du travail est au niveau du plein emploi", affirme cet économiste.

- Progression des salaires -

Pour Tim Duy, professeur d'économie de l'Université d'Oregon, les membres de la Fed "vont regarder au-delà" des chiffres décevants de la croissance "et rester très à l'aise avec leur projections de deux autres hausses cette année", a-t-il affirmé à l'AFP.

Les chiffres de l'inflation pour mars, à travers l'indice PCE, baromètre favori de la Fed, seront divulgués lundi avant le début de la réunion monétaire.

Vendredi, le département du Travail a publié le coût de l'emploi trimestriel qui a affiché une solide hausse de 0,8%, dépassant les attentes des analystes.

"Cette donnée met la pression sur la Fed pour continuer à resserrer le coût du crédit", affirme Jim O'Sullivan, de HFE. La Fed est vigilante sur les hausses des salaires car elles peuvent ensuite nourrir l'augmentation générale des prix.

"L'accélération du coût de l'emploi, que la Fed surveille de près, va sans doute l'encourager à relever les taux en juin pour s'assurer qu'elle ne va pas être en retard sur l'inflation", affirme aussi Mickey Levy, chef-économiste pour les Etats-Unis de la banque Berenberg.

Les membres du FOMC discuteront aussi de leur plan pour réduire le bilan de la Fed, gonflé par les massifs achats d'actifs opérés après la crise financière pour doper la reprise.

Selon David Wessel, de l'institut Brookings, ce plan qui vise à cesser de réinvestir le produit des titres obligataires qui arrivent à maturation "doit être en place avant que Janet Yellen ne soit remplacée", c'est-à-dire au moins en décembre, selon lui.

Le mandat de Mme Yellen arrive à expiration en février et "il y a une mince possibilité, peut-être de 15% à 20%, que M. Trump la confirme à son poste mais ce n'est pas l'issue la plus probable", a expliqué David Wessel à l'AFP.

La patronne démocrate de la Fed a une petite probabilité de rester en place, car le président Trump "a de meilleures chances d'avoir des taux d'intérêt plus bas avec elle, qu'avec n'importe qui d'autre", assure cet expert.

afp/rp