Berne (awp/ats) - Uber renonce aux chauffeurs amateurs en Suisse romande. L'entreprise américaine de transports de personnes s'adapte ainsi aux changements de loi introduits récemment dans les cantons de Vaud et de Genève. L'offre UberPop ne demeure plus qu'à Bâle.

Dès le mois de mars de l'année prochaine, Uber renoncera aux chauffeurs amateurs à Lausanne, a indiqué Alexandre Molla, directeur de l'entreprise pour la Suisse romande, dans une interview publiée samedi par 24 heures et la Tribune de Genève. La société controversée s'adapte ainsi à la nouvelle législation.

Le canton de Vaud a en effet mis en consultation en mai un texte qui veut harmoniser les règles entre les taxis. Il exige que tous les chauffeurs soient au bénéfice d'un permis professionnel, et prévoit des amendes salées en cas d'infraction. Ces dernières peuvent monter jusqu'à 20'000 francs suisses, et même jusqu'à 50'000 francs suisses en cas de récidive dans les deux ans.

S'IMPROVISER CHAUFFEUR

UberPop est ainsi abandonné au profit d'UberX, plus onéreux et entièrement professionnel. UberPop est le service le moins cher de la société. Il permet à presque chacun de s'improviser chauffeur. Seules conditions à remplir: avoir au moins 21 ans et disposer d'un véhicule quatre portes soigné. Une autorisation d'effectuer des transports professionnels de personnes n'est pas exigée.

UberBlack emploie des chauffeurs professionnels conduisant des limousines de haut de gamme. UberX propose des véhicules de gamme intermédiaire. Pour ces deux offres, les conducteurs sont au bénéfice d'une autorisation de transporter des passagers et les véhicules sont équipés d'un tachygraphe.

A part Lausanne, l'offre UberPop n'est maintenue qu'à Bâle. Elle n'était pas disponible à Genève. L'entreprise américaine y a renoncé à Zurich en août dernier. Le gouvernement zurichois a estimé que les conducteurs d'UberPop qui ne disposent pas d'une autorisation d'exercer professionnellement le transport de personnes sont dans l'illégalité.

Uber, qui compte environ 1200 chauffeurs en Suisse romande, prévoit d'assister ceux d'entre eux qui souhaitent devenir professionnels. "Nous allons effectivement les accompagner dans cette transition en les mettant en contact avec des partenaires externes pour leur formation, avec des sociétés de location de véhicules", explique Alexandre Molla.

PRESTATIONS SOCIALES

S'agissant des prestations sociales des chauffeurs, le directeur pour la Suisse romande botte en touche: "Nous considérons que cette question, liée aux prestations sociales des travailleurs indépendants, dépasse de loin Uber. Elle nécessiterait un vaste débat national lié à toutes ces nouvelles pratiques apparues avec la numérisation de la société".

Le statut des conducteurs d'Uber reste un casse-tête en Suisse. Les chauffeurs exerçant leur activité à des fins commerciales sont à considérer comme des indépendants, et non des salariés ayant droit aux prestations sociales de l'employeur, estime un avis de droit commandité par la société de covoiturage et publié en juillet.

Cette expertise répondait à celle du professeur de droit social de l'Université de Bâle Kurt Pärli, brandie par le syndicat Unia en été 2016. Cet avis - le premier consacré à l'économie numérique dans le pays - concluait au contraire qu'Uber agissait à travers ses filiales en Suisse comme employeur, et devait donc assumer les obligations qui en découlent.

La Suva a, quant à elle, déjà classé le spécialiste du covoiturage comme employeur au regard des assurances sociales. Les décisions de la caisse nationale d'assurance en cas d'accidents s'avèrent déterminantes non seulement dans le cas d'Uber, mais aussi d'autres plates-formes en ligne.

ats/rp