(Actualisé, nombre d'observateurs de l'OSCE, Fabius)

par Alistair Scrutton et Aija Krutaine

RIGA, 6 mars (Reuters) - La Russie et l'Ukraine ont donné leur accord pour doubler, en le portant à mille, le nombre d'observateurs de l'OSCE chargés de veiller au respect du cessez-le feu dans l'est de l'Ukraine.

L'accord a été conclu après une discussion au ministère des Affaires étrangères à Berlin de représentants de la Russie, de l'Ukraine, de la France et de l'Allemagne, a annoncé vendredi le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.

Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) devront avoir accès aux zones de stockage des armes lourdes, a précisé le ministre allemand qui participait à Riga, en Lettonie, à une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.

Lundi, les dirigeants russe, allemand et français avaient accepté la proposition de l'Ukraine de demander à l'OSCE d'aider à la mise en oeuvre des accords de paix conclus à Minsk, la capitale biélorusse, le 12 février.

Federica Mogherini, Haute Représentante de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune, qui présidait la réunion de Riga, a reconnu que le respect du cessez-le-feu n'était pas "parfait" mais que la situation s'améliorait. "Il faut renforcer la mission de l'OSCE sur le terrain", a-t-elle dit.

Sur la question des sanctions prises contre la Russie pour son rôle dans le conflit, c'est le statu quo.

Federica Mogherini a déclaré que l'Union ne pouvait pas actuellement les assouplir et le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a souligné qu'il faudrait une grande amélioration de la situation pour qu'on puisse parler de les réduire.

"TENDANCE POSITIVE"

"Les sanctions ne seront pas levées tant qu'un développement véritablement positif ne se sera pas produit sur le terrain et, dans le cas contraire, nous sommes toujours prêts à accroître si nécessaire la pression", a dit Mogherini. "Jusqu'à présent, le cessez-le-feu ne fait que commencer, ce n'est pas parfait, il y a encore des violations, mais la tendance est assurément positive."

Les sanctions européennes arrivent à expiration en juillet et il faudra décider d'ici là de leur reconduction ou pas, en fonction de l'évolution de la situation.

Pour le ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevicius, très hostile à la Russie, "le moins qu'on puisse faire c'est de prolonger les sanctions jusqu'à la fin de l'année".

Le chef de la diplomatie britannique, Philip Hammond, a indiqué que "l'Union européenne restera unie sur la question des sanctions" et que si Minsk-2 n'est pas respecté, les Européens prépareront rapidement de nouvelles sanctions contre Moscou.

Son homologue polonais, Grzegorz Schetyna, a précisé que de nouvelles sanctions pourraient être imposées si les séparatistes attaquent par exemple Marioupol.

Kiev redoute que cette ville portuaire et industrielle sur la mer d'Azov ne constitue le prochain objectif des séparatistes prorusses. Sa prise faciliterait l'établissement d'une continuité territoriale entre les territoires sous leur contrôle de l'Est ukrainien et la Crimée, annexée il y a un an par la Russie.

"LE PIÈGE DE LA CONFRONTATION"

Laurent Fabius, lui, s'est dit hostile à un renforcement des sanctions dans la situation actuelle. "Ce serait paradoxal de les renforcer au moment même où l'accord de Minsk est appliqué", a-t-il noté.

Le secrétaire général de l'OSCE a déclaré vendredi que le cessez-le-feu tenait globalement malgré quelques escarmouches.

"D'après mon évaluation, le cessez-le feu tient, dans l'ensemble, même s'il y a des violations", a dit Lamberto Zannier à Reuters. "Nous ne constatons pas de violations en ce qui concerne l'utilisation des grosses pièces d'artillerie. Et nous avons vu que celles-ci avaient été déplacées", a-t-il ajouté.

Les accords de Minsk-2, négociés le mois dernier par Angela Merkel et François Hollande avec Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Petro Porochenko, font du cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes le préalable au lancement du processus politique censé mettre un terme à la crise.

L'Ukraine et les gouvernements occidentaux ont accusé la Russie d'avoir armé les séparatistes de l'Est et envoyé des troupes combattre à leur côté, ce que Moscou dément. Au fil des mois, l'UE et les Etats-Unis ont imposé une série de sanctions qui ont nui à l'économie russe, contribuant à la dégradation des relations entre la Russie et l'Occident.

Federica Mogherini a mis en garde contre un retour à la "logique de confrontation" des années de Guerre froide.

"Toute initiative ramenant à une logique de confrontation rappelant les années 50 n'est pas une logique européenne", a-t-elle dit. "Et si quelqu'un, à Moscou, tombe dans ce piège ou pousse ce piège, il ne nous appartient pas de suivre cette erreur." (Avec Adrian Croft et Tom Koerkemeier; Henri-Pierre André, Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)