par Shrikesh Laxmidas

LISBONNE, 28 mai (Reuters) - Une sortie de la Grèce de la zone euro ("Grexit") ne provoquerait pas un retour à la crise de la dette de 2012, mais elle créerait des risques de contagion et changerait la nature de l'Union monétaire qui était destinée à être permanente, a déclaré jeudi à Reuters une analyste de l'agence de notation Moody's.

"Nous ne pensons pas qu'une sortie de la Grèce serait sans conséquences", a dit Kathrin Mühlbronner au cours d'un entretien accordé à Reuters à Lisbonne.

De nombreux analystes craignent que la Grèce ne soit forcée de quitter la zone euro si elle ne parvient pas à conclure un accord avec ses créanciers et à bénéficier de nouvelles aides.

"(Une sortie de la Grèce) changerait l'aspect et la nature de l'union monétaire, qui était censée être permanente et s'avérerait alors ne pas l'être", a expliqué Kathrin Mühlbronner, précisant que le Portugal serait menacé de contagion dans le cas d'un Grexit.

L'analyste a toutefois souligné que l'impact d'une sortie de la Grèce serait atténué par la politique dite d'assouplissement quantitatif de la BCE via son plan massif de rachats d'actifs, mais qu'elle pourrait affecter l'activité des entreprises.

Le plan de rachats de la BCE a apporté un "soutien énorme" à la zone euro et continuera à avoir un fort impact sur les taux d'intérêt jusqu'à son terme, en septembre 2016.

"Les taux d'intérêt resteront donc ancrés à des niveaux très bas, mais ils ne peuvent aller que dans un sens pour le moment, c'est en hausse", a-t-elle dit.

Le programme de la BCE a également allégé la pression sur les gouvernements pour réaliser des réformes, a-t-elle ajouté.

"Avec des taux d'intérêt aussi bas et l'amélioration des conditions de financement, la pression a été levée sur les gouvernements pour poursuivre leurs mesures agressives de politique budgétaire. C'est évident pour toute la zone euro." (Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)