Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille du fondateur du géant chinois des télécoms, a été arrêtée le 1er décembre au Canada dans le cadre d'une enquête américaine sur un montage bancaire permettant d'échapper aux sanctions américaines contre l'Iran.

Huawei est le premier équipementier télécoms au monde avec un chiffre d'affaires de 93 milliards de dollars (81,7 milliards d'euros) en 2017. Plusieurs pays occidentaux redoutent que Pékin n'utilise ses infrastructures à des fins d'espionnage.

Larry Kudlow, conseiller économique de la Maison blanche, a déclaré vendredi que ce dossier relevait de la sécurité nationale des Etats-Unis.

A Bruxelles, lors d'une conférence de presse, Andrus Ansip a jugé que l'UE devait aussi se montrer méfiante.

"Devons-nous être inquiets face à Huawei et d'autres entreprises chinoises? Oui, je pense que nous devons être inquiets face à ces entreprises", a-t-il dit.

Andrus Ansip a notamment rappelé que les sociétés technologiques chinoises pouvaient être contraintes de coopérer avec les services chinois de renseignement.

Il a aussi affirmé que ces sociétés produisaient des puces susceptibles d'être utilisées "pour obtenir nos secrets".

"Comme simples citoyens, nous devons avoir peur", a-t-il ajouté.

HUAWEI BIENVENU EN FRANCE

Huawei a rejeté ces soupçons vendredi.

"Nous rejetons catégoriquement toute allégation selon laquelle nous pourrions représenter une menace en termes de sécurité", a réagi le groupe chinois dans un communiqué.

"Aucun gouvernement n'a jamais demandé à Huawei de mettre en place des accès clandestins ni d'interrompre le moindre réseau et jamais nous ne tolérerions un tel comportement de la part du moindre de nos employés."

De son côté, le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré vendredi que les investissements de Huawei étaient les bienvenus en France mais que le gouvernement exercerait son contrôle s'ils venaient à concerner des technologies sensibles ou la sécurité nationale.

L'Allemagne, via un porte-parole du ministère de l'Intérieur, s'est prononcée vendredi contre une exclusion de quelque fournisseur que ce soit pour son futur réseau mobile 5G de nouvelle génération.

En Belgique, le Centre pour la cybersécurité envisage en revanche d'interdire Huawei de toute activité dans le pays, rapporte le journal L'Echo. Huawei est un fournisseur des opérateurs Proximus et Orange Belgique.

En Asie, le Japon prévoit aussi d'interdire l'accès des équipementiers télécoms chinois Huawei et ZTE à ses marchés publics, ont dit des sources.

En août dernier, la Nouvelle-Zélande et l'Australie ont demandé aux opérateurs télécoms de ne pas utiliser les équipements de Huawei dans les nouveaux réseaux de téléphonie mobile 5G.

(Avec Foo Yun Chee; Claude Chendjou et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur et Jean-Michel Bélot)

par Francesco Guarascio et Philip Blenkinsop