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par Byron Kaye

SYDNEY, 29 juin (Reuters) - Le cardinal George Pell, préfet du secrétariat pour l'économie du Vatican, a été officiellement inculpé jeudi d'abus sexuels, a annoncé la police australienne. Jamais un responsable du Vatican de son rang n'avait été poursuivi pour des crimes de ce genre.

Les faits présumés remontent aux années 1970, 1980 et 1990.

"Le cardinal Pell doit répondre de multiples accusations liées à des crimes sexuels anciens", a déclaré le commissaire adjoint de la police de l'Etat de Victoria, Shane Patton, ajoutant lors d'une conférence de presse que "de multiples plaignants" étaient liés à cette affaire.

Le prélat catholique, qui est âgé de 76 ans, comparaîtra devant le tribunal de Melbourne le 18 juillet.

L'Eglise catholique australienne a rapporté que Mgr Pell démentait les accusations et ajoute qu'il se rendra dès que possible dans son pays natal "pour laver sa réputation".

"Même s'il est encore très tôt à Rome, le cardinal George Pell a été informé de la décision de la police de Victoria. Il a de nouveau démenti vigoureusement ces allégations", indique l'archevêché catholique de Sydney dans un communiqué.

La police australienne n'a donné aucun détail sur la nature des charges qui pèsent contre lui ou sur l'âge des victimes ou l'époque où les crimes allégués ont été commis. Et le commissaire Patton n'a pas accepté de questions de la part des journalistes qui assistaient à la conférence de presse.

LE PAPE EN DIFFICULTÉ

Depuis que l'affaire a été dévoilée l'été dernier par la chaîne australienne de télévision ABC, qui a dit s'être procuré les dépositions de huit victimes présumées, de témoins et de proches impliqués dans l'enquête, George Pell a déjà eu l'occasion de réfuter les accusations de crimes pédophiles portées contre lui.

Mais le prélat avait provoqué l'an dernier la colère de victimes liées à une enquête sur des abus commis contre des enfants dans des institutions en Australie en se disant trop malade pour revenir dans sa patrie.

Le communiqué de l'archevêché de Sydney précise qu'il va consulter ses médecins.

La police australienne avait annoncé en octobre dernier qu'elle l'avait interrogé à Rome.

Il avait alors déclaré que l'Eglise avait fait un choix "catastrophique" en refusant de croire les témoignages des enfants abusés, en se contentant de déplacer de paroisse en paroisse les prêtres soupçonnés et en se fiant trop aux programmes de suivi et de soutien psychologiques pour régler les problèmes.

Prêtre dans des régions rurales de l'Etat de Victoria dans les années 1970 et 1980, George Pell est devenu archevêque de Melbourne en 1996 puis de Sydney en 2001. Il a pris ses fonctions au Vatican en 2014.

Sa mise en cause place le pape François dans une situation délicate. Le chef de l'Eglise catholique a promis en effet de n'avoir aucune tolérance pour les serviteurs de l'Eglise reconnus coupables d'abus ou pour ceux qui auront tenté de couvrir ce genre de crimes.

L'an dernier, alors que l'affaire venait d'éclater, il avait déclaré vouloir attendre que la justice australienne se prononce pour prendre position et avait ajouté que le prélat ne devait pas être soumis à un procès médiatique ou instruit par la rumeur.

"C'est entre les mains de la justice et on ne peut pas juger avant le système judiciaire. La justice doit suivre son cours (...) et la justice rendue par les médias ou par la rumeur ne sert à rien. Lorsque la justice aura parlé, je parlerai", avait-il dit. (avec Tom Westbrook à Sydney et Philip Pullella au Vatican; Henri-Pierre André pour le service français)