(Avec précisions sur le possible projet d'attentat contre le Vatican et sur les suspects)

ROME, 24 avril (Reuters) - La police italienne a annoncé vendredi l'interpellation de dix membres présumés d'une cellule islamiste affiliée à Al Qaïda, soupçonnée de préparer des attentats au Pakistan et en Afghanistan et dont certains membres auraient envisagé il y a plusieurs années de mener une attaque contre le Vatican.

Dans un communiqué, la police précise qu'une série de perquisitions ont été menées dans tout le pays, notamment au domicile du chef spirituel du groupe, un imam établi à Bergame (nord) qui a été arrêté.

Huit suspects sont encore recherchés, dont certains ne se trouvent plus sur le territoire italien. Les 18 hommes sont de nationalité afghane ou pakistanaise, a précisé à Reuters Mario Carta, des services de lutte contre le terrorisme.

Le groupe disposait de quantités importantes d'armes et s'appuyait sur "un grand nombre de fidèles qui étaient prêts à commettre des actes de terrorisme au Pakistan et en Afghanistan, puis à retourner en Italie", a indiqué la police.

Les enquêteurs ont également recueilli des éléments leur laissant penser que des membres du groupe auraient envisagé de mener un attentat visant le Vatican en 2010, a déclaré Mauro Mura, procureur général de Cagliari, en Sardaigne, où le groupe avait sa base opérationnelle.

Il y a de fortes raisons de penser que les suspects avaient planifié un attentat suicide dans un lieu public très fréquenté, a-t-il ajouté.

"Nous n'avons pas de preuve, nous avons une forte suspicion", a déclaré de son côté Mario Carta, interrogé sur l'hypothèse d'un projet d'attentat contre le Saint-Siège.

"GRAND DJIHAD EN ITALIE"

Sur les écoutes téléphoniques pratiquées par les enquêteurs, on entend des suspects dire qu'ils vont lancer un "grand djihad en Italie" et il y a des raisons de penser que le Vatican était une des cibles potentielles, a-t-il poursuivi.

Le groupe a par la suite réalisé qu'il était surveillé, a ajouté Mario Carta.

Les autorités italiennes redoutent depuis des années un attentat sur la place Saint-Pierre de Rome, où le pape s'adresse chaque dimanche à la foule et où la sécurité a été récemment renforcée.

Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a estimé que les révélations sur un éventuel projet d'attentat remontant à plusieurs années n'avaient pas de raison d'inquiéter particulièrement le Saint-Siège.

Mais le secrétaire d'Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, s'est montré moins serein: "Nous avons tous peur car nous ne savons pas ce qui peut se passer", a-t-il dit.

Parmi les 18 suspects figurent au moins deux hommes dont des interceptions téléphoniques ont établi qu'ils avaient appartenu au réseau qui a longtemps assuré la protection d'Oussama ben Laden, le fondateur d'Al Qaïda tué en mai 2011 dans une opération des forces spéciales américaines à Abbottabad, au Pakistan.

Le groupe gérait également des filières de collecte de fonds à destination du Pakistan et de l'Afghanistan. (Philip Pullella et Alessandra Galloni, avec Gavin Jones; Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)