par Peter Griffiths

LONDRES, 18 juin (Reuters) - Le dirigeant du plus puissant syndicat de la fonction publique britannique menace de déclencher les plus grandes grèves au Royaume-Uni depuis 1926, pour contraindre le gouvernement de renoncer à son projet de réforme des retraites et de coupes claires dans les dépenses publiques.

Le gouvernement de coalition, composé des Tories et des libéraux-démocrates, estime qu'il doit absolument mettre en oeuvre de tels projets pour s'attaquer à un déficit public record, faute de quoi le pays sera confronté à une crise de la dette comme en connaît ou en a connu l'Irlande ou la Grèce.

Le gouvernement prévoit ainsi de supprimer 330.000 emplois dans le secteur public, afin de réduire les dépenses de 81 milliards de livres sterling (91,6 milliards d'euros) au cours des quatre prochaines années.

Pour Dave Prentis, dirigeant du syndicat Unison qui représente 1,4 million de fonctionnaires, la part des réductions des dépenses publiques est trop importante, et il prévient que des grèves tournantes pourraient être lancées, pour une durée indéterminée, si le gouvernement n'assouplit pas son programme d'austérité.

"Il s'agira du mouvement social le plus important depuis la grève générale", a dit Prentis dans une interview que publie samedi le quotidien de centre-gauche The Guardian. Plus de trois millions de salariés avaient pris part à la grève générale de 1926 en solidarité avec les mineurs des houillères, qui cherchaient à s'opposer à des baisses de salaires.

LA VOIE DES NÉGOCIATIONS

Les chemins de fer, les docks, les aciéries et de nombreux autres secteurs industriels avaient été perturbés par cette grève générale de neuf jours. Pour autant, son impact avait été limité par plusieurs mois de préparatifs de la part du gouvernement et par le recours à l'armée et à la police pour faire continuer à fonctionner le pays.

La colère grandit actuellement face aux projets de réduction des dépenses publiques et les milieux syndicaux se disent déterminés à maintenir la pression sur le gouvernement, a ajouté Prentis. Il ne fait à ses yeux aucun doute que la vague d'arrêts de travail à laquelle il faut s'attendre connaîtra un plus grand succès que les longues et parfois violentes grèves de 1984-85, qui s'étaient soldées par la victoire du Premier ministre conservateur Margaret Thatcher.

"Ce ne sera pas la grève des mineurs", dit-il au Guardian, en référence à celle sous Thatcher. "Nous l'emporterons".

Mais le numéro un de la centrale syndicale TUC, Brendan Barber, a déclaré que Prentis et lui-même souhaitaient encore résoudre la crise actuelle par des négociations avec le gouvernement de coalition.

Environ 750.000 salariés, dont des enseignants, ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils observeraient des arrêts de travail coordonnés dès ce mois-ci.

Pour l'heure, même si des échauffourées ont opposé la police à des étudiants lors de manifestations contre la hausse des frais d'inscription aux universités à la fin de l'année dernière, la Grande-Bretagne a fait l'économie des violences contre les mesures d'austérité qui ont émaillé les mouvements sociaux dans d'autres pays d'Europe. (Eric Faye pour le service français)