* La camionnette a fauché des fidèles qui quittaient la
mosquée de Finsbury Park
* La police fait état de onze blessés
* Le conducteur n'a pas de lien connu avec la mouvance
d'extrême droite
* Cet incident vient après une série d'attaques qui ont
frappé la Grande-Bretagne
(Précisions sur le bilan, le conducteur)
par Ritvik Carvalho et Costas Pitas
LONDRES, 19 juin (Reuters) - Une camionnette a foncé sur des
fidèles qui quittaient une mosquée du nord de Londres dans la
nuit de dimanche à lundi, faisant onze blessés, dont deux
graves, dans ce que la Première ministre britannique Theresa May
a qualifié de potentielle attaque terroriste.
Selon le Conseil musulman de Grande-Bretagne, qui dénonce un
acte délibéré d'islamophobie, le véhicule a fauché des fidèles
au moment où ils sortaient de la mosquée de Finsbury Park, l'une
des plus importantes du pays, à l'issue d'une prière après la
rupture du jeûne en ce mois de ramadan.
S'exprimant depuis sa résidence du 10 Downing Street,
Theresa May a dénoncé lundi matin une attaque "écoeurante"
commise contre des musulmans.
"Ce matin, notre pays s'est réveillé en apprenant une
nouvelle attaque dans les rues de notre capitale, la deuxième ce
mois-ci, toute aussi écoeurante que les précédentes", a déclaré
la dirigeante britannique devant la presse.
"C'est une attaque qui a une fois de plus visé des gens
ordinaires et des innocents (...), cette fois des musulmans
britanniques qui quittaient la mosquée après leurs prières",
a-t-elle ajouté.
La dirigeante britannique, à qui l'on a reproché la lenteur
de sa réaction après le dramatique incendie de la Grenfell Tower
la semaine dernière, s'est rendue à la mosquée en début
d'après-midi.
Le conducteur de la camionnette âgé de 47 ans, immobilisé et
retenu par des habitants du quartier avant l'arrivée des forces
de l'ordre, a été emmené à l'hôpital pour une expertise
psychiatrique, a déclaré la police.
Selon un témoin, il a dit aux personnes qui l'immobilisaient
avoir voulu tuer "beaucoup de musulmans".
Son nom n'a pas été rendu public mais selon des médias
britanniques, il s'agit d'un père de quatre enfants vivant au
Pays-de-Galles.
Ben Wallace, secrétaire d'Etat chargé la sécurité au
ministère de l'Intérieur, a déclaré sur Sky News que les
services de sécurité ne lui connaissaient pas d'éventuelles
sympathies d'extrême droite. "Cet homme n'était pas connu des
autorités en ce qui concerne l'extrémisme ou l'extrême droite",
a-t-il dit.
L'enquête a été confiée aux services britanniques du
contre-terrorisme.
LE MAIRE DE LONDRES DÉNONCE UNE ATTAQUE
"CONTRE NOS VALEURS COMMUNES"
Un homme qui avait été victime d'une crise cardiaque avant
l'incident a été déclaré mort mais la police a indiqué ne pas
être en mesure de dire si son décès était lié à la collision.
Les services ambulanciers de Londres ont dit avoir transféré
neuf personnes dans trois établissements différents, deux autres
personnes ayant été traitées sur place pour des blessures
mineures.
Sadiq Khan, le maire de Londres, a déploré une attaque
commise contre "nos valeurs communes".
"Comme lors des terribles attaques de Manchester, de
Westminster et du London Bridge, il s'agit d'une attaque commise
contre nos valeurs communes de tolérance, de liberté et de
respect", a-t-il dit dans un communiqué.
Le dirigeant de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn a de
son côté dit être "complètement sous le choc".
Dans un message diffusé sur Twitter, le président français
Emmanuel Macron a écrit: "Pensées pour Londres et les victimes
après cette nouvelle épreuve."
"TUER PLUS DE MUSULMANS"
La police a dit avoir été contactée peu après minuit vingt
heure locale (23h20 GMT) au sujet d'une collision sur la Seven
Sisters Road, qui traverse le quartier de Finsbury Park.
Présent sur les lieux, Abdulrahman Aidroos dit qu'il était
en train d'aider l'homme victime d'une crise cardiaque lorsque
la camionnette a foncé sur eux et avoir contribué à
l'immobilisation du conducteur. "Alors qu'il courait, il criait
'Je veux tuer plus de gens, je veux tuer plus de musulmans'",
a-t-il déclaré à la BBC.
La mosquée de Finsbury Park s'est retrouvée sous le feu des
projecteurs il y a une dizaine d'années en raisons des prêches
du religieux radical Abou Hamza el-Masri, arrêté en 2004 par la
police britannique et condamné à la prison à vie aux Etats-Unis
après avoir été reconnu coupable de liens avec des organisations
terroristes.
L'incident vient après une série d'attaques survenues en
Grande-Bretagne et au moment où débutent à Bruxelles les
difficiles négociations en vue du divorce avec l'Union
européenne, déterminantes pour l'avenir du Royaume-Uni.
Le 3 juin, huit personnes ont été tuées et 50 blessées à la
suite d'une attaque menée par trois islamistes à l'aide d'un
véhicule bélier et de couteaux sur des piétons sur le London
Bridge puis dans le marché couvert de Borough Market.
Le 22 mai, un attentat a fait 22 morts, dont des enfants et
des adolescents, à la sortie d'un concert de la chanteuse Ariana
Grande à Manchester.
Le 22 mars, un homme a foncé sur des piétons sur le
Westminster Bridge et a poignardé à mort un policier avant
d'être tué. Son attaque a fait cinq morts.
(avec Alistair Smout, Will James et Dylan Martinez à Londres;
Benoît Van Overstraeten, Nicolas Delame, Henri-Pierre André et
Tangi Salaün pour le service français)