par Lindsay Dunsmuir et Howard Schneider

WASHINGTON, 23 mai (Reuters) - La plupart des responsables de la Réserve fédérale pensent qu'il sera probablement "bientôt" nécessaire de relever les taux aux Etats-Unis si les perspectives pour l'économie américaine ne se dégradent pas, montre le compte-rendu, publié mercredi, de leur dernière réunion de politique monétaire les 1er et 2 mai.

Sans surprise, les membres du comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed ont décidé à l'unanimité de laisser les taux inchangés lors de leur réunion de début mai, dans une fourchette de 1,50% à 1,75%.

"La plupart des participants ont jugé que si les informations à venir confirmaient globalement leurs prévisions économiques actuelles, il serait probablement bientôt approprié (...) de franchir une nouvelle étape dans l'abandon du caractère accommodant de la politique (monétaire)", est-il écrit dans ces "minutes".

La Fed a relevé ses taux en mars pour la première fois de l'année et ses responsables sont actuellement partagés de manière quasiment égale entre ceux qui en prédisent encore deux autres en 2018 et ceux qui en anticipent trois de plus.

Les investisseurs s'attendent dans leur grande majorité à une hausse de taux lors de la prochaine réunion des 12 et 13 juin.

La Fed est incitée à durcir sa politique monétaire en raison du dynamisme de l'économie américaine, qui affiche un taux de chômage à un plus bas de 17 ans et demi à 3,9% et une inflation désormais au niveau de l'objectif de la Réserve fédérale, soit 2%.

Un certain nombre de ses responsables, dont son président Jerome Powell, soulignent volontiers qu'ils accepteraient une inflation supérieure à 2% pendant un certain temps.

DÉBAT SUR LA TRAJECTOIRE D'INFLATION

La trajectoire de l'inflation aux Etats-Unis a une nouvelle fois fait l'objet d'un débat au cours de la réunion de début mai, montrent les minutes. Plusieurs responsables ont jugé que les récents indicateurs sur les salaires montraient "peu de preuves" d'une surchauffe du marché du travail. D'autres en revanche y voient un risque que "les contraintes d'offre intensifient les pressions à la hausse sur les salaires et les prix ou que des déséquilibres financiers puissent émerger".

Les tensions commerciales, notamment entre les Etats-Unis et la Chine, continuent d'être scrutées de près par la Fed. Un certain nombre de ses responsables disent penser que la politique commerciale des Etats-Unis soulève un ensemble "particulièrement large" de risques pour l'activité économique et l'inflation. Certains jugent que ce facteur d'incertitude pourrait freiner les investissements des entreprises.

Une évolution du langage de la Fed a aussi été évoquée au cours de cette réunion pour traduire le fait que les taux se rapprochent d'un niveau neutre, estimé entre 2,3% et 3,5%. Un taux d'intérêt est jugé neutre lorsqu'on considère qu'il ne freine ni ne soutient l'activité.

La Fed qualifie depuis des années sa politique d'"accommodante". Certains de ses responsables ont déclaré lors de la réunion qu'"il pourrait bientôt être approprié de réviser la formulation du pilotage des anticipations dans le communiqué".

Wall Street a effacé une partie de ses pertes après la publication de ce compte rendu tandis que le dollar a un peu réduit ses gains face à un panier de devises de référence . (Bertrand Boucey pour le service français)