ROME, 12 juillet (Reuters) - La police italienne a lancé vendredi une vaste opération visant des entreprises impliquées dans le projet de barrage destiné à protéger Venise et a arrêté sept personnes suspectées de trucage des contrats de ce projet de plusieurs milliards d'euros.

Pas moins de 140 raids ont été conduits par plusieurs centaines de policiers de la brigade financière dans des entreprises intervenant sur le "Projet MOSE", pour Moïse en italien mais aussi acronyme de MOdulo Sperimentale Elettromeccanico qui désigne le système de digues articulées destiné à verrouiller la lagune et à éviter à la Cité des Doges d'être submergée par la montée des eaux.

A l'issue de ces opérations, sept personnes ont été assignées à résidence et sept autres se sont vu interdire tout déplacement à l'étranger.

Le "projet MOSE", désormais réalisé aux trois quarts, selon le site internet dédié, a vu son coût doubler à 4,3 milliards d'euros un an après le début des travaux en 2004.

La police soupçonne une compagnie de construction maritime, la Cooperativa San Martino, d'avoir utilisé une société écran basée en Autriche pour surfacturer les matériaux de construction achetés à une entreprise croate afin de payer des pots-de-vin.

Le projet d'un barrage pour protéger la Sérénissime remonte à 1966, année où une montée exceptionnelle des eaux avait endommagé nombre de ses monuments.

Les désaccords sur la conception de l'ouvrage, les inquiétudes sur les conséquences pour l'environnement et le manque de moyens financiers ont retardé le lancement des travaux années après années.

L'an dernier, près des trois quarts de la ville, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, ont été submergés et les touristes pouvaient se baigner sur la fameuse place Saint-Marc. Venise avait connu trois autres épisodes de marée record depuis l'an 2000, un phénomène que les autorités italiennes attribuent au réchauffement climatique. (Naomi O'Leary, Capucine Fachot-Charbonneau pour le service français, édité par Marc Joanny)