* Le rassemblement est une nécessité, dit le Premier ministre

* Après la polémique Macron, il appelle au respect

* Il tend la main aux écologistes

* Il maintient le cap des réformes, sans annonces

LA ROCHELLE, Charente-Maritime, 30 août (Reuters) - Manuel Valls a appelé dimanche la gauche à dépasser ses différences face à l'"envie de revanche" de Nicolas Sarkozy et au "désastre national" que porte selon lui le Front national, et réaffirmé sa volonté de réforme dans un esprit de "protection".

Pour sa deuxième intervention à l'université du Parti socialiste depuis sa nomination, le Premier ministre s'est attaché -- une nouvelle fois -- à ramener un semblant d'unité dans les rangs après les soubresauts provoqués par les critiques d'Emmanuel Macron contre les 35 heures. ( )

Le nom du ministre de l'Economie, qui était absent du campus socialiste de La Rochelle après des interventions controversées devant les réformateurs du PS et le Medef, a été conspué par des membres du MJS, le Mouvement des jeunes socialistes, qui ont scandé "Macron démission, Taubira à Matignon" lors d'un banquet auquel assistait Manuel Valls samedi soir. Il a en revanche été poliment applaudi dimanche.

"C'est la vieille schizophrénie de la gauche socialiste (...) où les discours militants se réchauffent le coeur dans 'Plus à gauche que moi tu meurs' et où le PS au pouvoir est obligé d'affronter les réalités de facon crédible. Il y a ce refoulement", relève le député PS "réformateur" Gilles Savary.

A l'approche d'échéances électorales périlleuses pour la majorité, les régionales de décembre où le FN brigue de nouvelles victoires, Manuel Valls s'est de nouveau conformé à ce délicat équilibre, consentant des gages à l'aile gauche du parti tout en assurant les acteurs économiques de la "cohérence" et de la "constance" des choix gouvernementaux.

"La stabilité, la cohérence, c'est le socle de la confiance. Les zigzags, ce sont les sables mouvants de la défiance", a-t-il justifié, sans objurgations aux entreprises. "On peut lever les contraintes, tout en protégeant!"

Selon un sondage Odoxa publié dans Le Parisien Dimanche, 62% des militants socialistes préfèrent Emmanuel Macron à Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du parti (38%). Au total, 76% des Français ont une mauvaise image du PS et 61% jugent qu'il n'incarne pas bien les idées de gauche.

Aux "frondeurs" et autres détracteurs des options social-démocrates du gouvernement, Manuel Valls a livré un discours volontariste sur la crise des migrants en s'engageant à ce que chaque demande d'asile soit "rapidement" examinée.

NOUVEL EPINAY ET RASSEMBLEMENT AVEC EELV

Il a également apporté son soutien à l'ex-Premier ministre grec Alexis Tsipras et insisté sur la baisse fiscale promise pour 2016 par François Hollande aux classes moyennes. "Ce n'est pas une promesse, c'est un engagement".

"Le débat doit être toujours présent, l'interpellation entre nous, vis-à-vis du gouvernement, des ministres, cette interpellation, elle est naturelle, elle est salutaire. Mais j'insiste, montrons notre capacité à accepter les différences, montrons notre force et notre unité", a-t-il martelé. ( )

Brocardant à plusieurs reprises Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, dominant selon lui un même "bloc réactionnaire", le chef du gouvernement a mis en garde contre la "fragmentation" de la gauche à l'instar de Jean-Christophe Cambadélis et appelé de ses voeux "un nouvel Epinay", congrès d'unification des socialistes de 1971 lorsqu'ils étaient dans l'opposition.

Il a aussi tendu la main à Europe Ecologie-les Verts (EELV), menacé de dislocation après les départs de François de Rugy et Jean-Vincent Placé. Le parti entend pour l'heure concourir seul au premier tour des régionales ou allié au Front de gauche.

"Organisons ce dépassement de ce qui nous différencie pour nous rassembler autour de l'essentiel", a lancé le Premier ministre, ruisselant de sueur.

"C'est unie que la gauche socialiste, écologiste, radicale doit combattre dès le premier tour, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Provence-Alpes-Côte d'Azur (où Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen conduisent respectivement la liste FN-NDLR). Et si possible partout en France", a-t-il dit.

A Toulouse, en conclusion de l'université d'été du Parti de gauche, son cofondateur Jean-Luc Mélenchon appelait en parallèle à l'élargissement du Front de gauche aux écologistes et aux "frondeurs" du PS face à la "macronite" ambiante.

"La gauche est grande, la gauche est victorieuse quand elle sort de son nombrilisme pour s'adresser à tous, sans exclusive, sans petits calculs, sans sectarisme", a dit Manuel Valls. (Sophie Louet avec Ingrid Melander)