Depuis 2012, l’Inde surperforme nettement l’ensemble des pays émergents. Ces résultats exceptionnels en matière de performances s’expliquent aisément au regard de la dynamique macroéconomique qui porte ce pays depuis de quelques années. Force est de constater que cette envolée indienne a également été un soutien fort à la croissance mondiale au même titre que la Chine mais pour la première fois 2015, l’Inde enregistre une croissance de son PIB supérieur à la Chine.

Avec un modèle économique porté par la consommation domestique, l’Inde inspire tout en continuant d’innover. Consciente que sa population jeune est une chance, la classe politique prend les devants pour essayer de faire évoluer le modèle et sensibilise les entreprises à ces problématiques démographiques. Le dilemme est de taille : pour garder le chômage sous contrôle, il faut créer 10 millions d’emplois chaque année au cours des 5 prochaines années.


Nouveaux enjeux de coopération

Dans cette optique, le Premier ministre Narendra Modhi s’est clairement rapproché de la Chine, a gonflé l’enveloppe destinée aux infrastructures, et a commencé à investir pour créer des pôles urbains dotés de moyens de communications modernes. D’ici 2020, 137 milliards de dollars vont être investis pour développer le chemin de fer ainsi qu’une grande plateforme manufacturière. Cette plateforme est l’un des principaux enjeux du programme « Make in India » qui vise à récupérer une partie de l’activité industrielle chinoise, obligée de sous-traiter suite à la hausse des salaires et à la refonte de son économie vers les services. Si le Vietnam s’est également positionné comme sous-traitant, les accords commerciaux signés par l’Inde avec les États-Unis et le Japon ne sont clairement pas du gout de Pékin. Grâce à sa forte compétitivité en termes de coûts et sa main d’œuvre qualifiée parlant souvent anglais, l’opportunité pour le Premier ministre de positionner son pays comme un acteur clé est plus que jamais d’actualité et serait un atout majeur en matière de créations d’emplois. Cette option pallierait également le retard de l’industrie par rapport aux services.


Le climat des affaires à améliorer

Reste à inciter les entreprises à investir et à améliorer l’environnement des affaires. Si la Banque mondiale a souligné les avancées réalisées sur certains aspects de la régulation des affaires, de réels progrès doivent encore prendre forme. C’est une évolution délicate car les entreprises indiennes sont en très large majorité des sociétés privées sans participation de l’État ; ceci explique à la fois la diversité sectorielle dans l’ensemble des indices indiens et la prépondérance des services sur les marchés actions comme dans l’économie.


Un marché cher mais des opportunités réelles

Le marché des actions indiennes s’est fait le reflet de cette dynamique économique (Sensex + 38,5%* sur 3 ans en euro au 13/04/16), avec une nette avance des secteurs de croissance (MSCI India Consumer Disc + 41,25%*, MSCI India IT + 86,92 %* et MSCI India Health Care + 62,41 %*). En revanche, l’année 2016 a vu le marché indien rester en retrait (- 5,81 %), le rebond des actions émergentes ayant favorisé les pays très en souffrance les années précédentes (Brésil, Russie, Turquie…) dont les valorisations affichaient une décote importante. Aujourd’hui, la valorisation à 18 fois les bénéfices nets 2016 peut paraitre élevée mais la qualité se paie cher car les entreprises indiennes sont les seules à afficher une croissance anticipée de leurs résultats de 14 % pour les 12 mois à venir. La profitabilité y reste élevée relativement à la moyenne des pays émergents et des pays développés (RoE à 15 % contre 10 % au MSCI Emerging et 11 % au MSCI World). A condition que le pétrole ne reparte pas fortement à la hausse, cette sous performance ne devrait pas perdurer. D’autant que la tendance macroéconomique devrait être soutenue par une politique monétaire toujours accommodante et donc améliorer les conditions de financement des entreprises (baisse des taux de la RBI) et des investissements importants pour accélérer la productivité.


*sources Bloomberg

 

Par Xavier Laurent, directeur de la multigestion et Eva Balligand, gérante de VEGA Emerging