par Lizbeth Diaz et Simon Gardner

MEXICO, 11 février (Reuters) - Le pape François entame vendredi un voyage apostolique de six jours au Mexique, une visite dominée par les défis à relever face à la pauvreté, à la criminalité et à leur corollaire, l'émigration de nombreux Mexicains vers les Etats-Unis.

Plus de 100.000 personnes ont été tuées depuis dix ans dans la guerre que se livrent au Mexique les narcotrafiquants.

Parmi elles, le cas emblématique des 43 étudiants portés disparus depuis septembre 2014 à Iguala, dans l'Etat de Guerrero, et apparemment massacrés.

Les proches des victimes accusent le gouvernement du président Enrique Pena Nieto de chercher à étouffer cette affaire et aimeraient que François intervienne pour les aider à faire éclater la vérité. Aucune rencontre privée avec le pape n'est cependant prévue.

"Le pape (...) va voir comment les institutions ont voulu tourner la page et laisser ce crime impuni. Il va se rendre compte à quel point les cartels de la drogue ont infiltré le gouvernement", déclare Meliton Ortega, dont le fils Mauricio fait partie des disparus.

Des parents des 43 étudiants d'Iguala assisteront à la messe que le pape célébrera mercredi prochain à Ciudad Juarez, à la frontière des Etats-Unis, qui a été pendant des années l'une des villes les plus violentes du pays.

François célébrera aussi une messe avec les communautés indigènes lundi dans l'Etat du Chiapas, le plus pauvre du Mexique. Il s'adressera à la jeunesse mardi à Morelia, capitale de l'Etat du Michoacan, frappé lui aussi par la violence, et rendra visite mercredi à des prisonniers à Ciudad Juarez.

Avant sa visite, le pape a appelé les Mexicains à combattre la corruption et le trafic de drogue.

"NON AU MEXIQUE DE LA VIOLENCE"

"Le Mexique de la violence, le Mexique de la corruption, le Mexique du trafic de drogue, le Mexique des cartels, ce n'est pas le Mexique que veut Notre Mère", a-t-il dit dans une vidéo diffusée la semaine dernière, faisant référence à la Vierge de Guadalupe, patronne du Mexique.

"Bien sûr, je ne veux pas cacher tout cela. Au contraire, je vous exhorte à combattre chaque jour la corruption, le trafic, la guerre, la division, le crime organisé et le trafic d'êtres humains", a ajouté le pape.

Le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, a déclaré que François tenait à se rendre dans des régions du Mexique où aucun souverain pontife ne s'est rendu avant lui et que la messe de Ciudad Juarez soulignait combien il était soucieux du sort des migrants.

"Cette messe sera célébrée juste à la frontière afin qu'on puisse la suivre des deux côtés", a dit le père Lombardi. "C'est une clôture, ce n'est pas la Grande Muraille de Chine."

Lors de son voyage vendredi vers le Mexique, le pape fera escale à Cuba, où il rencontrera le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe Cyrille.

Ce sera la première rencontre entre le chef de l'Eglise catholique et celui de l'Eglise orthodoxe russe depuis le Grand Schisme de 1054.

Le pape et le patriarche Cyrille signeront une déclaration commune sur les relations futures entre l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe russe.

L'Eglise orthodoxe russe a précisé que cette rencontre serait dominée par la question des chrétiens persécutés à travers le monde, notamment au Proche-Orient et en Afrique du Nord. (Avec Philip Pullella au Vatican et Anahi Rama à Mexico, Guy Kerivel pour le service français)