(Déclarations de Kerry, contexte)

BAGDAD, 24 mars (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a effectué dimanche une visite surprise en Irak pour demander au Premier ministre Nouri al Maliki de s'assurer que les vols iraniens empruntant l'espace aérien irakien ne transportent pas d'armes à destination de la Syrie.

"Tout ce qui soutient le président (syrien Bachar al) Assad est problématique", a expliqué le chef de la diplomatie américaine. "J'ai dit clairement au Premier ministre (Maliki) que les survols de l'Irak en provenance d'Iran (...) aidaient à soutenir le président Assad et son régime", a-t-il ajouté.

Un membre de l'administration américaine, qui a requis l'anonymat, a affirmé que les autorités irakiennes avaient inspecté seulement deux vols en provenance d'Iran depuis juillet dernier.

"Nous avons fait notre devoir en inspectant plusieurs avions iraniens, au hasard, et nous n'avons pas trouvé d'armes", a répondu Abbas al Bayati, membre de la commission de la Défense au Parlement irakien.

"Si les Etats-Unis veulent que nous fassions plus, qu'ils nous transmettent les renseignements qu'ils pourraient avoir", a-t-il ajouté.

Lors d'une conférence de presse, John Kerry a déclaré que Washington allait effectivement fournir plus d'informations à ce sujet aux autorités de Bagdad.

Il a en outre invité Nouri al Maliki et les membres de son gouvernement à reconsidérer leur décision concernant le report d'échéances électorales dans les provinces d'Anbar et de Ninive.

Contesté par la minorité sunnite qui se juge désormais marginalisée, le gouvernement a annoncé mardi dernier le report pour une période pouvant aller jusqu'à six mois des élections dans ces deux provinces, où le scrutin était prévu le 20 avril.

La situation en matière de sécurité ne permet pas le déroulement du vote, a jugé le gouvernement.

L'intervention militaire il y a dix ans des Etats-Unis, appuyés par quelques alliés, a rapidement entraîné la chute de Saddam Hussein, issu de la minorité sunnite.

Malgré des accords de partage du pouvoir entre chiites, sunnites et Kurdes, l'Irak a ensuite basculé dans un cycle de violences confessionnelles qui a fait des dizaines de milliers de morts, en particulier dans la période 2006-2007.

Dix ans après l'intervention américaine, le pays reste fragilisé par une rébellion sunnite persistante et de fortes tensions politiques entre les différentes communautés. (Arshad Mohammed avec Suadad al Salhy; Jean-Philippe Lefief et Guy Kerivel pour le service français)