Telecom Italia a officialisé jeudi matin une offre qui valorise GVT à sept milliards d'euros tandis que son concurrent espagnol a amélioré sa proposition en mettant désormais sur la table 7,45 milliards d'euros pour acquérir le "Free brésilien".

Vivendi, qui est propriétaire de la maison de disque Universal Music Group et du groupe de télévision Canal+, a ajouté que les deux offres financières étaient assorties de propositions de partenariat dans les contenus.

L'offre de Telefonica expire vendredi tandis que celle de Telecom Italia court jusqu'au 10 septembre.

"Le conseil de surveillance de Vivendi, qui se tient aujourd'hui, étudiera ces deux offres dans le meilleur intérêt des actionnaires de Vivendi et des salariés de GVT, et décidera de la suite à y donner", dit la société dans un communiqué.

Si Vivendi décidait de donner suite aux propositions de rachat de GVT, il se délesterait de son dernier actif dans les télécoms après avoir vendu successivement Maroc Telecom puis SFR - en passe d'être cédé à Numericable - dans le cadre de sa stratégie de recentrage dans les médias et les contenus.

Il resterait pour autant présent dans le secteur des télécoms puisque Telecom Italia comme Telefonica prévoient de lui octroyer une participation dans la future entité brésilienne qui naîtra de la fusion de leurs opérateurs locaux respectifs avec GVT. Vivendi se retrouverait également dans les deux cas au capital de l'ancien monopole italien Telecom Italia, dont Telefonica est indirectement le plus gros actionnaire.

PREMIER TEST DE L'ÈRE BOLLORÉ

Le choix du conseil de surveillance de Vivendi marquera le premier acte de l'ère Vincent Bolloré, premier actionnaire du conglomérat avec environ 5% de son capital, qui a accédé à la présidence en juin.

L'offre de Telecom Italia est à 24% en numéraire et à 76% en actions. Elle prévoit une fusion entre GVT et la filiale brésilienne de l'opérateur italien, Tim Participacoes, dont Vivendi se verrait octroyer 15% du capital.

Elle inclut également une prise de participation d'environ 20% de Vivendi dans Telecom Italia, via une augmentation de capital réservée, précise l'opérateur italien qui conservera le contrôle de la nouvelle entité avec environ 60% des actions.

Dans le même temps, Telefonica a relevé de 750 millions d'euros son offre pour GVT, à 7,45 milliards d'euros, surpassant ainsi celle de son concurrent italien.

Telefonica a fait savoir qu'il paierait 4,66 milliards en numéraire et offrait à Vivendi une participation de 12% dans la nouvelle entité brésilienne qui serait constituée via la fusion de GVT et de Telefonica Brasil.

Telefonica offre en plus à Vivendi une option d'acquisition d'une participation de 5,7% au capital de l'opérateur italien.

Outre le prix proposé, les membres du conseil de Vivendi devraient examiner la proportion de cash dans les offres, l’état de santé de l'opérateur brésilien dans lequel il serait appelé à détenir une participation ou encore la portée des partenariats possibles, a précisé une personne au fait du dossier, selon laquelle le conseil pourrait se décider rapidement.

"Le conseil peut dire qu’il va prendre son temps pour étudier les offres ou alors il peut décider de négocier en priorité avec l'une des parties", a précisé cette personne.

Il est en revanche moins probable que Vivendi éconduise les deux prétendants avec lesquels il a déjà eu de nombreuses discussions depuis le début du mois d'août.

"Sur le papier, il est clair que l'offre de Telefonica a l'air plus attractive car elle offre une valorisation plus élevée et a augmenté la partie en cash", souligne Conor O'Shea, analyste à Kepler Securities. "Mais le facteur Bolloré reste la grande inconnue - Il a des intérêts en Italie et certains se demandent si lui et Vivendi pourraient vouloir détenir une part importante dans Telecom Italia".

Vincent Bolloré est un investisseur de poids en Italie où il a été actionnaire d'institutions financières clefs comme Generali. Il détient encore 7% de la banque d'investissement Mediobanca.

(Avec Tracy Rucinskin à Madrid, Dominique Rodriguez et Juliette Rouillon à Paris, édité par Jean-Michel Bélot)