(Répétition sans changement d'une dépêche publiée dimanche)

par Akane Otani

NEW YORK, 22 septembre (Reuters) - L'actif qui a réalisé la plus belle percée ces derniers temps est le dollar et s'il continue comme ça, ce sera une mauvaise nouvelle pour les bénéfices des multinationales.

C'est ainsi que l'indice du dollar, qui mesure la valeur relative du billet vert face à un panier de six monnaies, grimpe depuis dix semaines d'affilée.

C'est une série sans précédent depuis la création de l'indice en 1973, susceptible de donner la migraine aux patrons de multinationales qui réalisent l'essentiel de leurs affaires hors des Etats-Unis et d'entreprises opérant dans le secteur des matières premières.

"Le dollar évoluait dans des marges relativement stables ces dernières années mais cet été quelque chose a changé; nous observons maintenant une nouvelle tendance haussière se développer", constate Adam Sarhan (Sarhan Capital).

Les analystes pointent déjà du doigt le dollar comme responsable de la baisse des prix de matières premières telles que les métaux précieux, le maïs et le pétrole ces dernières semaines.

"Si on est une entreprise de produits de grande consommation qui fait beaucoup d'affaires à l'étranger, ça va mal se passer; pareil, si on est un gros groupe high tech qui travaille beaucoup à l'étranger", dit Larry Glazer (Mayflower Advisors). "Si on observe Exxon aussi, il est évident qu'il est très diversifié mais il n'en reste pas moins affecté par les conséquences de l'évolution des changes".

L'action du pétrolier américain Exxon Mobil a perdu 5% ces 10 dernières semaines alors même que la Bourse a inscrit plusieurs nouveaux pics. Exxon Mobil réalise 36% environ de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis et le reste à l'étranger.

Pour autant, les pertes induites par le dollar sur certains compartiments du marché peuvent être compensées par les gains induits par ce même dollar. Ainsi, la baisse des prix à la pompe peut avoir pour conséquence soit une hausse de l'épargne des ménages soit un report de l'argent ainsi économisé sur d'autres objets de shopping.

"Un dollar plus fort est un avantage pour le consommateur américain, qui représente la part du lion de l'économie, et chaque fois que le consommateur est stimulé c'est bon pour l'économie américaine, au moins à court terme", explique Glazer.

Quant à savoir à quel moment la hausse du dollar deviendra réellement un élément négatif pour Wall Street, cela dépendra du taux d'inflation aux USA et du rythme et de l'ampleur de ses gains, de l'avis de professionnels du marché.

"La zone euro est fragile... la livre britannique est également fragile et les troubles géopolitiques et économiques restent une menace. Tant que son avance (du dollar) n'a rien d'anormal, elle (la Bourse) a le temps de s'y préparer et de s'y adapter", dit Sarhan. "Mais si le mouvement est très ample, rapide ou heurté, les conséquences peuvent être incalculables". (Wilfrid Exbrayat pour le service français)