L'indice Dow Jones a perdu 424,69 points (-1,77%), à 23.533,20, un plus bas de clôture depuis novembre. Il a abandonné plus de 1.000 points en deux jours et a désormais perdu 11,6% depuis son record de clôture du 26 janvier.

Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a lâché 55,43 points, soit 2,1%, à 2.588,26, ce qui porte son recul depuis son record de clôture du 26 janvier à 9,9%. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a pour sa part fini en baisse de 2,43%, soit 174,011 points à 6.992,666.

Sur la semaine, le Dow a chuté de 5,67%, le S&P-500 de 5,95% et le Nasdaq de 6,54%.

Wall Street a bien esquissé une tentative de rebond pendant cette dernière séance de la semaine mais la prudence l'a finalement emporté au lendemain de l'annonce par le président américain de droits de douane sur des importations en provenance de Chine, qui a riposté en dévoilant un projet de mesures de rétorsion.

"Il y a un peu de nervosité qui provient de Washington en ce moment. Les investisseurs sont plus que satisfaits de se mettre à l'écart pendant les deux prochaines semaines pour voir comment les choses se développent sur le front de la guerre commerciale", dit RJ Grant, responsable du trading chez Keefe, Bruyette & Woods à New York.

"Il est prudent de retirer un peu d'argent de la table."

DÉBUTS EN FANFARE POUR DROPBOX

Donald Trump a néanmoins éteint vendredi un autre foyer potentiel d'inquiétudes en se résolvant à signer la loi de financement adoptée par le Congrès américain, ce qui évite aux Etats-Unis un "shutdown", une paralysie de l'administration fédérale.

Cette décision a profité aux groupes d'aéronautique et de défense, qui dépendent en grande partie des commandes fédérales.

Boeing a grignoté 0,44% tandis que Lockheed Martin, Northrop Grumman et Raytheon ont tous pris plus de 2%.

Tous les grands indices sectoriels du S&P ont fini dans le rouge, même l'énergie (-0,6%) malgré la vigueur des cours du pétrole. Le recul le plus fort a été subi par les valeurs financières (-2,99%) avec le repli des rendements obligataires.

Les valeurs technologiques (-2,73%) ont une nouvelle fois pesé sur la tendance avec des baisses de 3,2% pour Amazon, 2,9% pour Microsoft, 2,3% pour Apple et 3,3% pour Facebook.

Malgré les interventions publiques de Mark Zuckerberg, le réseau social ne parvient pas à se dépêtrer du scandale lié au détournement des données de 50 millions de ses utilisateurs et il a conclu la semaine sur un plongeon de près de 14%.

Micron Technology a ajouté aux déboires du secteur vendredi avec une chute de 8% malgré un bénéfice trimestriel meilleur que prévu. Le titre du fabricant de semi-conducteurs a souffert d'un abaissement de recommandation de Citi, qui s'inquiète d'un recul du prix de ses puces Nand d'un trimestre sur l'autre pour la première fois en deux ans.

Malgré ce contexte morose, Dropbox a réussi des débuts en fanfare sur le Nasdaq pour la plus importante introduction en Bourse d'un groupe technologique sur le marché américain depuis plus d'un an. L'action du spécialiste du partage et du stockage de données sur internet a bondi de 35,6% à 28,48 dollars alors que le prix de son IPO avait été fixé à 21 dollars.

REPLI VERS LES VALEURS REFUGES COMME LE YEN ET L'OR

Nike a enregistré avec Boeing l'une des deux seules hausses du Dow Jones avec un gain de 0,3% après avoir publié des résultats au troisième trimestre supérieurs aux attentes, grâce notamment à une solide demande sur ses marchés internationaux.

Pfizer a cédé 3,1% alors que GlaxoSmithKline s'est retiré de la course pour le rachat de ses actifs de santé grand public, dont le laboratoire américain espère pouvoir tirer 20 milliards de dollars (16,2 milliards d'euros).

Environ 8,11 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains, contre une moyenne de 7,3 milliards sur les 20 séances précédentes.

Dans ce climat d'aversion au risque, qui a aussi pénalisé les Bourses européennes, les investisseurs se sont repliés vers les valeurs refuges comme les emprunts du Trésor américain, dont le rendement à 10 ans est repassé sous 2,82% contre plus de 2,83% jeudi soir.

Le yen est lui aussi recherché. La devise japonaise est revenue sous 105 pour un dollar pour la première fois depuis novembre 2016. Le billet vert a globalement cédé du terrain face à un panier de devises de référence (-0,4%) comme face à l'euro, remonté vers 1,2350 dollar.

L'aversion au risque et le recul du dollar ont pleinement profité à l'or, qui s'est rapproché de 1.350 dollars l'once (+1,4%).

(Avec Sruthi Shankar; Bertrand Boucey pour le service français)

par Sinéad Carew