Alors que les investisseurs ont longtemps vu l'effondrement du pétrole, largement le fait d'un décalage entre une offre abondante et une demande excessive, comme le reflet de la déprime de la conjoncture mondiale, certains commencent à dire que cette évolution sera au bout du compte positive pour l'économie.

Lors de la semaine qui s'est terminée le 12 décembre, le S&P 500 a baissé de 3,5%, après avoir inscrit de nouveaux records la semaine précédente, sous le coup d'un plongeon de plus de 10% des cours du brut.

Mais le S&P, avec un gain hebdomadaire de 3,4% lors de la semaine au 19 décembre, a nettement rebondi alors que le pétrole a continué de reculer, avec un repli de 0,5% pour le Brent et de 1,8% pour le brut léger américain.

Par rapport à leur pic atteint en juin, les deux cours ont été divisés par près de deux.

De leur côté, à dix jours de la fin de l'année, le Dow Jones affiche à ce stade de 2014 une hausse de près de 7,5%, le S&P 500 un gain de 12% et le Nasdaq Composite un bond de 14,1%.

Pour Hans Mikkelsen, chargé de la stratégie chez Bank of America Merrill Lynch, la présidente de la Réserve fédérale Janet Yellen a largement contribué à ce que Wall Street et le pétrole cessent d'évoluer de pair.

"Elle a expliqué que la baisse des prix du pétrole aurait un impact positif net sur l'économie américaine (...)", a-t-il dit.

Janet Yellen s'était exprimée lors de la conférence de presse qui a suivi la dernière réunion de politique monétaire de l'année de la Fed, lors de laquelle la banque centrale américaine a clairement ouvert la porte à une hausse des taux d'intérêt en 2015.

RECUL DU POIDS DE L'INDICE SECTORIEL DE L'ÉNERGIE

Dans ses perspectives mondiales 2015, le gérant de fonds Pimco estime également que la baisse du coût de l'énergie, dont les causes sont à chercher du côté de l'offre, contribuera au bout de compte à la croissance des grandes économies mondiales.

Les intervenants de marché ont en outre déjà intégré l'effet de la chute du brut sur les bénéfices des compagnies pétrolières et vont maintenant prendre en compte les effets positifs du plongeon de l'or noir sur d'autres compartiments.

Les résultats du quatrième trimestre des entreprises appartenant au secteur de l'énergie devraient subir un recul de 19,2% par rapport à la même période de 2013. Le 1er octobre, les analystes attendaient encore une hausse de 6,6%, le recul du pétrole s'étant vivement accéléré à partir de la fin novembre.

"Les bénéfices du quatrième trimestre risquent d'avoir un impact négatif. Le S&P 500 pourrait temporairement reculer à la suite à cause de ces chiffres mais au cours des trimestres suivants, (la baisse du prix du pétrole) sera de toute évidence une bonne chose", a déclaré James Liu, chargé de la stratégie chez JPMorgan Funds.

Jusqu'à mardi, la corrélation à dix jours entre le S&P 500 et le Brent était à 0,97, ce qui veut dire qu'ils évoluaient quasiment de pair. Mais, dès jeudi, elle était revenue à 0,42.

Selon des données de S&P, le secteur énergétique, en recul de 8,5% depuis le début de l'année, a vu sa pondération boursière revenir à 8,31% contre 9,7% à la fin du troisième trimestre, à la suite, entre autres, de la chute de plus de 35% des actions Denbury Resources, Nabors Industries et Halliburton.

La semaine qui commence lundi sera tronquée en raison des fêtes de Noël, avec une séance écourtée mercredi et une fermeture jeudi.

En termes d'indicateurs macro-économiques, elle sera surtout marquée par les chiffres définitifs du produit intérieur brut (PIB) du troisième trimestre et par une série de données relatives au secteur immobilier.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français)

par Chuck Mikolajczak