L'indice Dow Jones des 30 grandes valeurs a fini en repli de 254,56 points, soit 1,60%, à 15.660,18 et le Standard & Poor's 500, plus large, a cédé 22,78 points ou 1,23% à 1.828,08, après avoir touché en séance un plus bas de deux ans de 1.810,10 points.

Le Nasdaq Composite, à forte pondération technologique, a terminé sur un repli de 16,76 points (0,39%) à 4.266,84, après avoir chuté jusqu'à 4.209,76 le matin.

Le compartiment de l'énergie a permis au S&P de réduire ses pertes en fin de séance après une information du Wall Street Journal qui, citant le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, a rapporté que l'Opep était disposée à coopérer pour réduire l'offre de pétrole.

Les valeurs technologiques ont de leur côté résisté grâce aux bons résultats de Cisco, salués par un bond de 9,64% pour le titre de l'équipementier des réseaux.

Le Dow Jones et le S&P-500 n'en accusent pas moins des baisses de 10% depuis le début de l'année, en grande partie sous la conduite des valeurs financières dont l'indice sectoriel large a encore perdu 2,96% jeudi, pour un recul de 18% depuis le 1er janvier.

L'indice bancaire a fini la séance en baisse de 4,41%, plombé par Bank of America (-6,84%). Au sein du Dow Jones, Goldman Sachs et JPMorgan Chase ont perdu plus de 4%.

Les banques pâtissent comme en Europe de la faiblesse des taux des banques centrales et des rendements obligataires mais aussi, aux Etats-Unis, de leur exposition au secteur du pétrole de schiste mis à mal par la chute de 75% des cours du brut depuis la mi-2014.

De nouveau auditionnée par une commission parlementaire, cette fois au Sénat, la présidente de la Réserve fédérale Janet Yellen a tenu les mêmes propos que devant les Représentants mercredi, reconnaissant que l'affaiblissement de l'économie mondiale et la chute des marchés actions entraînaient un resserrement plus rapide des conditions financières que ce qu'aurait voulu la Fed, sans pour autant exclure de nouvelles hausses de taux après celle de décembre.

Elle a ajouté que la Fed ne s'épargnerait pas une réflexion sur l'instrument des taux négatifs utilisé par d'autres banques centrales et qui semble pourtant fragiliser les banques commerciales, obligées de payer pour garder leurs réserves en dépôt.

"Le marché est très difficile actuellement, tout ce qui peut être perçu comme un actif à risque est vendu", constate Steven Baffico, directeur général chez Four Wood Capital Partners à New York. "Plus généralement, les marchés sont en train de perdre confiance dans la capacité des banques centrales à agir efficacement comme arbitres."

"Il y a beaucoup de peur autour des banques", renchérit Jim Paulsen, directeur des investissements chez Wells Capital Management à Minneapolis, tout en jugeant que la ruée vers des actifs plus sûrs comme l'or ou les emprunts du Trésor montre que les investisseurs ne sont pas loin de capituler. "A partir de là, le risque baissier est moins grand que le potentiel de rebond", ajoute-t-il.

Les cours de l'or ont bondi de 4,3%, leur plus forte hausse en une séance depuis juin 2012, et le rendement de l'emprunt à 10 ans américain a touché un plus bas depuis plus de trois ans.

Autre valeur refuge, le yen a poursuivi sa progression face au dollar, autour de 112,35 (+0,9%), tandis que l'euro/dollar cédait 0,3% à 1,13.

Sur le marché pétrolier, le brut léger américain a touché un nouveau plus bas de 12 ans à 26,05 dollars mais les cours sont ensuite remontés en réaction aux informations du WSJ, permettant à l'indice des valeurs de l'énergie de limiter sa baisse à 0,42% à Wall Street.

BOEING MINE LE DOW JONES

Boeing, en baisse de 6,81% à 108,44 dollars, a accusé la plus forte baisse du Dow après des informations de l'agence Bloomberg selon lesquelles les autorités boursières américaines ont ouvert une enquête sur certaines des méthodes comptables de l'avionneur.

Dans la pharmacie, le fabricant de génériques Mylan a plongé de 18% après avoir annoncé son intention de racheter Meda pour 7,2 milliards de dollars, sa troisième tentative de rachat de ce laboratoire suédois dont le titre a flambé de 67% à la Bourse Stockholm.

Aux technologiques, Twitter s'est redressé en fin de séance pour gagner 1,80% à 14,13 dollars, alors qu'il avait touché un nouveau plus bas record de 13,91 le matin en réaction à ses résultats trimestriels dénotant une stagnation du nombre de ses utilisateurs actifs.

(avec Abhiram Nandakumar in Bengaluru; Véronique Tison pour le service français)

par Rodrigo Campos