Le courant vendeur a aussi été alimenté par les craintes de durcissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale après l'annonce d'une augmentation sensible du coût du travail au deuxième trimestre, qui reflète des hausses de salaires.

L'indice Dow Jones a perdu 317,06 points, soit 1,88%, à 16.563,30 points, sa plus forte baisse depuis le 3 février et le Standard & Poor's a lâché 39,40 points ou 2,0% à 1.930,67 points, un recul inédit depuis le 10 avril.

Les deux indices ont fini à leur plus bas du jour et basculé du même coup dans le rouge pour le mois de juillet, terminant le mois sur des pertes respectives de 1,6% et 1,5% alors qu'ils n'avaient plus connu de performance mensuelle négative depuis janvier.

Le Nasdaq Composite, à forte pondération technologique, a chuté de 93,13 points (2,09%) à 4.369,77 points, là aussi sa plus forte baisse depuis le 10 avril, et accuse également un repli, de 0,9%, sur l'ensemble de juillet.

Signal technique inquiétant, le S&P-500, l'indice de référence des gérants américains, a clôturé pour la première fois depuis le 15 avril sous sa moyenne mobile à 50 jours.

Les dix grands indices sectoriels du S&P-500 ont fini en territoire négatif et près de 90% des valeurs échangées sur le New York Stock Exchange ont baissé tandis que l'indice CBOE de la Volatilité a bondi de 27,2% à 16,95, à son plus haut depuis le 11 avril -tout en restant à distance de sa moyenne historique de 20.

"On s'était un peu trop éloignés de la moyenne mobile à 50 jours et on corrige ces excès", commente Bruce McCain, stratège chez Key Private Bank à Cleveland (Ohio). "On était à des niveaux un peu optimistes compte tenu du peu de clarté qu'on a sur la croissance mondiale."

Les difficultés de la banque portugaise Banco Espirito Santo et son plongeon de 42% à la Bourse de Lisbonne, la crainte de représailles de Moscou après les sanctions économiques décrétées cette semaine par l'Union européenne et les Etats-Unis et le défaut de l'Argentine sur une partie de sa dette, alors que le marché espérait un accord, se sont conjugués pour tirer la Bourse à la baisse, à l'image de la séance en Europe où l'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 a perdu 1,3% pour revenir à son plus bas niveau depuis trois mois.

"Le défaut de l'Argentine renvoie à la situation au Portugal et les gens ici se disent que la crise de la zone euro d'il y a quelques années n'est peut-être pas totalement réglée", souligne Bruce McCain.

EXXON PÈSE SUR LE DOW

Les craintes de hausse des taux de la Fed ont également pesé après l'annonce de la hausse de 0,7% de l'indice du coût du travail au deuxième trimestre, une progression qui est la plus forte depuis le troisième trimestre 1998.

"Si on commence à voir les salaires partir à la hausse, alors c'est un signal", observe Quincy Krosby chez Prudential Financial à Newark (New Jersey).

A l'issue de sa réunion monétaire mercredi, la Fed s'est montrée plus optimiste sur l'état de l'économie américaine et a également pris acte d'une baisse du taux de chômage et d'une évolution du niveau d'inflation vers son objectif fixé pour le long terme, mais elle s'est une nouvelle fois montrée préoccupée par une situation de sous-utilisation des capacités sur le marché de travail et ce constat l'a amenée à réaffirmer qu'il n'y avait aucune urgence à relever les taux.

Dans ce contexte, les résultats de sociétés sont largement passés au second plan. Exxon Mobil a ainsi chuté de 4,17%, la plus forte baisse du Dow Jones, malgré l'annonce d'un bénéfice trimestriel meilleur que prévu.

Le fabricant de céréales Kellogg a perdu 6,12% après avoir annoncé un repli de 16% de son bénéfice net trimestriel et abaissé ses prévisions.

Yum Brands, la maison mère de Kentucky Fried Chicken (KFC) et Pizza Hut, a décroché de 4,93% après avoir admis que le nouveau scandale alimentaire en Chine avait un impact "significatif" sur ses ventes depuis 10 jours.

Les investisseurs réagiront vendredi aux chiffres de l'emploi de juillet, publiés une heure avant l'ouverture. Les économistes attendent en moyenne 233.000 créations d'emplois après les 288.000 annoncées pour juin.

(Ryan Vlastelica et Caroline Valetkevitch, Véronique Tison pour le service français)