A la lecture des débats au sein de la Fed, les investisseurs pensent qu'une accélération de l'inflation ne débouchera pas nécessairement sur un relèvement plus agressif des taux d'intérêt aux Etats-Unis.

La publication de ces minutes a en partie éclipsé le regain de scepticisme, alimenté par de nouvelles déclarations de Donald Trump, sur l'issue des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

L'indice Dow Jones a gagné 52,4 points (0,21%), à 24.886,81. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a pris 8,85 points, soit 0,32%, à 2.733,29. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a terminé sur un gain de 47,5 points, soit 0,64%, à 7.425,955.

La plupart des responsables de la Réserve fédérale pensent qu'il sera probablement "bientôt" nécessaire de relever les taux aux Etats-Unis si les perspectives pour l'économie américaine ne se dégradent pas, montre le compte-rendu de leur dernière réunion de politique monétaire les 1er et 2 mai.

De nombreux participants à cette réunion ont en outre dit percevoir peu de preuves d'une surchauffe du marché du travail aux Etats-Unis.

La Fed a relevé ses taux en mars pour la première fois de l'année et ses responsables sont actuellement partagés de manière quasiment égale entre ceux qui en prédisent encore deux autres en 2018 et ceux qui en anticipent trois de plus.

Les investisseurs s'attendent dans leur grande majorité à une hausse de taux lors de la prochaine réunion des 12 et 13 juin.

LES BANQUES PÉNALISÉES PAR UN VOTE DU CONGRÈS

"Le marché pousse probablement un petit soupir de soulagement en sachant qu'une inflation même un peu supérieure à 2% pourrait ne pas nécessairement signifier une accélération du rythme des hausses (de taux)", a dit Mike Beale, directeur exécutif de U.S. Bank Private Client Wealth Management.

Pour Michael Arone, responsable de la stratégie d'investissement chez State Street Global Advisors, la réaction positive du marché s'explique aussi par le fait qu'il "s'était préparé à ce que les minutes de la réunion soient un peu plus dures ("hawkish") qu'elles ne le sont".

Recherché quand les taux sont bas, le secteur des services aux collectivités ("utilities") s'est distingué avec un gain de 0,9%.

Le secteur financier a en revanche lâché 0,6%, avec notamment des baisses de l'ordre de 1% à 1,5% pour Bank of America, Citigroup ou Morgan Stanley.

Malgré leurs intenses pressions sur le Congrès pour obtenir un assouplissement des contraintes réglementaires imposées après la crise de 2007-2009, les grandes banques de Wall Street n'ont pas vraiment convaincu les parlementaires américains qui ont adopté mardi une réforme préservant l'essentiel des dispositions de la loi Dodd-Frank et épargnant surtout les petits établissements.

Sur le plan des valeurs individuelles, General Electric a chuté de 7,26%, sa plus forte baisse en une séance depuis avril 2009 et de loin la plus importante du Dow Jones. Son directeur général, John Flannery, a dit ne pas pouvoir garantir le dividende de 2019 alors que le conglomérat industriel n'en a pas fini avec ses efforts de redressement et ses cessions d'actifs.

Le groupe de médias Comcast a pour sa part perdu 1,94% après avoir confirmé qu'il envisageait une offre en numéraire sur les activités dont Twenty-First Century Fox a conclu la vente à Walt Disney, une opération de plus de 52 milliards de dollars.

Twenty-First Century Fox a gagné 1,6% tandis que Disney a abandonné 1,13%.

LE RENDEMENT À 10 ANS DES TREASURIES REPASSE SOUS 3%

Le joaillier Tiffany s'est envolé de 23,3% après des résultats trimestriels supérieurs aux attentes, un relèvement de la prévision de bénéfice annuel et l'annonce d'un programme de rachats d'actions.

Lowe's a pris 10,43% à la suite d'un investissement d'environ un milliard de dollars de l'homme d'affaires William Ackman au capital du numéro deux des magasins de bricolage aux Etats-Unis.

Le distributeur Target a en revanche cédé 5,7% après des trimestriels inférieurs aux attentes

Environ 6,4 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains contre une moyenne de 6,6 milliards sur les 20 séances précédentes.

Le contexte général d'aversion au risque lié aux tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine a favorisé un mouvement de repli vers des valeurs refuges comme le yen, qui a gagné 0,8% face au dollar.

Le billet vert a cependant progressé face à un panier de devises de référence en raison notamment de la faiblesse de l'euro, passé sous 1,17 dollar à un creux de six mois. La monnaie européenne souffre des inquiétudes liées au programme économique de la nouvelle coalition gouvernementale en Italie.

L'aversion au risque donne aussi de l'attrait aux bons du Trésor américain, dont le rendement à 10 ans est repassé sous 3%.

Sur le marché du pétrole, le brut léger américain a pâti d'une hausse forte et inattendue des stocks aux Etats-Unis. Le prix du baril de Brent a en revanche légèrement progressé pour se rapprocher des 80 dollars.

(Avec Medha Singh à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français)

par Caroline Valetkevitch