Les Etats-Unis veulent que la Chine établisse un calendrier pour l'ouverture de ses marchés aux exportations américaines, les positions des deux pays restant "très éloignées", a déclaré mardi l'ambassadeur des États-Unis en Chine Terry Branstad.

Washington espère trouver un accord commercial avec Pékin, a déclaré ensuite le conseiller économique de la Maison blanche, Larry Kudlow, alors que les négociations entre les deux Etats reprennent cette semaine à Washington.

"D'une manière générale, il s'agit d'une algarade commerciale pas d'une guerre commerciale", a dit Anthony Chan (JPMorgan Chase). "Nous pensons que ce différend commercial se dénouera sur le long terme mais au jour le jour cela perturbe quelque peu les investisseurs".

Les ventes au détail n'ont augmenté que modérément en avril aux Etats-Unis, la hausse des prix de l'essence ayant pesé sur les dépenses non essentielles, mais les dépenses de consommation semblent pourtant en voie d'accélération après avoir fortement ralenti au premier trimestre.

En effet, hors automobiles, carburants, matériaux de construction et services alimentaires, leur progression a été de 0,4% en avril, comme prévu, après une hausse de 0,5% le mois précédent; ces ventes au détail, dites "de base", sont les plus proches de la composante de la consommation des ménages du produit intérieur brut (PIB).

A la suite de cette statistique, le rendement de l'emprunt à 10 ans américain a atteint 3,037% puis 3,058%, au plus haut depuis juillet 2011, nourrissant les anticipations d'une remontée soutenue des taux d'intérêt de la part de la Réserve fédérale.

Le rendement a 10 ans a enregistré mardi sa plus forte hausse depuis mars 2017, selon des données Reuters. Si ce rendement continue à monter, après avoir franchi le seuil technique de 3,05%, il peut aller éprouver celui de 3,21 à 3,23%, qu'il n'a plus visité depuis juillet 2017, estiment des analystes.

L'indice Dow Jones a perdu 193 points (0,78%) à 24.706,41 points. Le S&P-500 a cédé 18,68 points (0,68%) à 2.711,45 points. Le Nasdaq Composite a laissé 59,69 points (0,81%) à 7.351,63 points.

Le S&P-500 a mis un terme à quatre hausses d'affilée et le Dow Jones à huit.

Les pertes se sont développées sur un large front, en témoigne le fait que dix des 11 grands indices sectoriels du S&P ont fini dans le rouge. Seul celui de l'énergie s'est distingué, finissant stationnaire (+0,01%), porté par un marché pétrolier qui est parvenu à finir la journée en hausse malgré une forte poussée du dollar.

"Une croissance ferme et des taux d'intérêt plus hauts, c'est une combinaison qui déstabilise", observe Anthony Chan. "Un dollar plus fort, c'est synonyme de pression baissière (...) Tout ça, plus ou moins latent, rend le marché nerveux".

Aux valeurs, Home Depot lâche 1,6%. Le leader américain du bricolage a publié mardi des ventes à périmètre comparable inférieures aux attentes au premier trimestre, le froid sur une partie des Etats-Unis ayant retardé l'accélération de l'activité généralement constatée avec l'arrivée du printemps.

Son concurrent plus petit Lowe's a cédé un peu plus de 1%.

Tesla a abandonné 2,7%, à la suite d'une information de Reuters, citant des sources internes, suivant laquelle le constructeur de voitures électriques arrêtera pendant six jours à la fin mai la production de son usine californienne de Fremont pour réparer ses chaînes de montage de la berline Model 3.

Le volume a été de 6,6 milliards de titres échangés, à peine inférieur à la moyenne de 6,67 milliards des 20 dernières séances.

La statistique des ventes au détail aura par ailleurs eu pour effet de tirer le dollar vers le haut, contrecoup des tensions haussières des rendements obligataires.

L'indice du dollar, qui mesure l'évolution du billet vert face à un panie de six devises de référence, a gagné 0,63% à 93,173 après un pic de 93,457, au plus haut depuis décembre.

Des statistiques économiques en deçà des attentes pour la zone euro et la Grande-Bretagne ont également aidé le dollar à progresser face à l'euro et au sterling.

L'euro a touché un nouveau plus bas de 2018 de 1,1821 dollar et le sterling pareillement, à 1,3452 dollar, avant de réduire ses pertes.

Sur le marché obligataire, le rendement du papier à deux ans a lui aussi enregistré une belle performance, ayant culminé en séance à 2,589%, au plus haut depuis août 2008.

(Avec Saqib Iqbal Ahmed, Kate Duguid et Richard Leong)

par Medha Singh et Stephen Culp