(Répétition sans changement d'une dépêche transmise dimanche)

par Rodrigo Campos

NEW YORK, 20 octobre (Reuters) - Il est difficile de dire si Wall Street a touché un plancher cette semaine mais quoi qu'il en soit, il n'est pas exclu qu'elle ait du champ pour remonter dans la mesure où les sociétés, restées pour la plupart sur la touche quand les cours chutaient, auront l'opportunité de racheter leurs titres en masse dans les semaines à venir.

Wall Street a connu son plus mauvais jour mercredi, lorsque l'indice S&P-500 a touché son niveau le plus bas de la semaine, victime de la conjonction de plusieurs facteurs: l'épidémie Ebola, les incertitudes sur l'évolution de l'économie mondiale et les interrogations angoissées sur le calendrier monétaire de la Réserve fédérale américaine.

L'un des éléments qui a pu accélérer le mouvement baissier est le fait que bon nombre des sociétés américaines n'étaient pas alignées sur le segment des rachats de titres dans la mesure où la "saison" des résultats commence à battre son plein.

"Nous sommes à présent dans une période de 'blackout' et il est exclu que les entreprises se lancent dans des rachats tactiques qui avaient soutenu la Bourse lorsqu'elles subissaient des dégagements dans un passé récent", expliquait Goldman Sachs cette semaine.

Le mois d'octobre a été particulièrement tranquille pour ce qui est des rachats de titres, avec un total de 1,7 milliard de dollars d'opérations annoncées ou bouclées jusqu'à présent contre 250 milliards pour la période janvier-septembre, selon des données de Thomson Reuters.

Le recul récent de la Bourse est une bonne occasion de racheter ses titres à bon compte. Sur la séance de jeudi, 605 valeurs cotées sur le New York Stock Exchange (Nyse) avaient touché des plus bas de 52 semaines, du jamais vu sur une seule séance en trois ans, tandis que 21 seulement inscrivaient des pics de 52 semaines. Le nombre des plus bas avait diminué à 153 vendredi.

"Si on croit vraiment en son avenir et qu'on a envie de restituer du capital aux actionnaires fidèles, c'est le bon moment de racheter des titres", observe Kim Forrest (Fort Pitt Capital Group). "Laisser passer cette occasion, ce ne serait pas malin".

Si les rachats de titres se multipliaient effectivement en novembre, cela n'aurait rien d'exceptionnel. Suivant des données de Goldman Sachs, novembre a représenté 14% environ des rachats annuels durant les sept dernières années, hormis en 2008, le pourcentage le plus élevé pour un mois donné. Quelque 8% des rachats survenaient en octobre durant cette période et 10% en décembre.

Une nuée d'entreprises américaines publient leurs trimestriels la semaine prochaine, accompagnées de leurs homologues européennes. Pour la seule journée du lundi 20 octobre, Apple, IBM et Texas Instruments sont sur les rangs. Et l'avalanche ne va que gagner en intensité les jours suivants.

"La semaine prochaine sera l'une des plus lourdes, ce qui doit débloquer pas mal de programmes de rachats de titres une fois que ce sera passé", dit Art Hogan (Wunderlich Securities), observant que les entreprises ont pris l'habitude ces dernières années de racheter massivement une fois les résultats passés, avec un impact certain.

Et si profiter d'une bonne occasion pour racheter ses titres ne constituait pas un motif de satisfaction suffisant pour ceux qui jouent la Bourse à la hausse, certaines données techniques seraient là pour les conforter dans leurs choix.

On estime que les bénéfices des sociétés constituant le S&P-500 auront augmenté de 6,9% durant le troisième trimestre, alors que l'estimation de vendredi dernier donnait un peu moins, à savoir 6,5%, tandis que la croissance des chiffres d'affaires aura été de 3,8%, suivant des données de Thomson Reuters.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)