NEW YORK (awp/afp) - Réserve fédérale (Fed), nouveaux résultats d'entreprises, campagne présidentielle américaine: la semaine prochaine sera chargée à Wall Street, qui se demande déjà à quel point elle va pouvoir tenir les records engrangés lors de la dernière quinzaine.

Depuis le précédent week-end, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 0,29% à 18.570,85 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,40% à 5.100,16 points. Souvent jugé le plus représentatif, l'indice élargi S&P 500 a avancé de 0,61%, à 2.175,03 points, un niveau sans précédent.

"La semaine a été positive et c'est une bonne surprise à un moment où l'on peut penser que la Bourse est plutôt chère", a reconnu Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors.

Sans beaucoup avancer, Wall Street a entériné les niveaux sans précédent de la semaine précédente, le Dow Jones et le S&P 500 ayant chacun battu de nouveaux records de clôture, l'un mercredi à 18.595,03 points et l'autre en terminant la semaine à une valeur jamais vue.

"Même si c'est difficile d'expliquer pourquoi la Bourse a enregistré une bonne performance cette semaine, je dirais que c'est parce que les résultats d'entreprises ont été meilleurs que prévu", a avancé M. Johnson.

Au moment où un tiers des groupes du S&P 500, dont de nombreux poids lourds comme Microsoft et General Electric, ont fait part de leurs chiffres trimestriels, le bilan est pour l'heure meilleur que prévu, ce qui contribue à une certaine sérénité estivale à Wall Street.

"Les investisseurs américains semblent déjà en vacances", ont ironisé dans une note les experts de Deutsche Bank, soulignant que la volatilité, témoin de la nervosité des marchés, s'établissait à un niveau particulièrement faible à New York.

"Pendant que l'Europe s'angoisse sur le Brexit et les banques italiennes, l'écart de volatilité entre le S&P 500 et l'EuroStoxx 50 est deux fois plus élevé que sa moyenne historique", ont-ils souligné.

Pourtant, de façon moins tangible, certains analystes estiment qu'une certaine nervosité commence à s'installer à Wall Street face au niveau élevé des indices, d'autant que, tout en dépassant les attentes, les bénéfices des entreprises restent en baisse par rapport à l'an dernier.

- Contexte politique -

"On dirait que c'est le calme plat, mais il y a une grande nervosité ambiante", a assuré Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services, remarquant que des titres comme GE avaient dévissé malgré des résultats apparemment peu inquiétants.

De plus, en plus des résultats avec des noms comme le groupe informatique Apple (mardi) et l'avionneur Boeing (mercredi), les investisseurs voient se profiler pour mercredi une décision de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), toujours cruciale pour les marchés.

"Ce n'est pas que l'on s'attend à ce qu'elle modifie ses taux", dont le niveau actuellement très bas est censé soutenir l'économie, "mais on va faire très attention à ce qu'elle va dire, notamment sur les récents indicateurs américains qui semblent montrer que l'économie a rebondi", a estimé M. Johnson.

L'hypothèse d'une hausse des taux cette année revient dans les esprits, alors qu'elle semblait largement exclue, voici encore quelques semaines, dans la foulée du vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union européenne (UE).

"Le gros problème pour la Fed, c'est que l'élection présidentielle commence à être tellement proche qu'elle (la Fed) va essayer à tout prix d'être en dehors du discours politique", a relativisé M. Volokhine "On devrait avoir le signe qu'il ne faut rien attendre avant le mois de décembre, après l'élection."

Le contexte politique est d'ailleurs de plus en plus prégnant aux Etats-Unis après une convention agitée pour le candidat républicain Donald Trump, qui peine à faire l'unité derrière lui, et avant l'ouverture lundi de celle du camp démocrate, qui verra l'intronisation d'Hillary Clinton.

"On va écouter avec soin le discours d'Hillary Clinton", a annoncé M. Volokhine. "Ce qui est important par rapport aux marchés, c'est qu'elle a fait un virage assez à gauche à cause de Bernie Sanders", son adversaire socialiste lors des primaires

"Est-ce qu'elle va tenir un discours plutôt dur sur les banques? les tarifs des compagnies pharmaceutiques ?", s'est-il interrogé. "Cela peut vraiment faire bouger les marchés."

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