Wall Street calque son évolution sur les places européennes quelques heures plus tôt alors que les actions US avaient pris l'habitude de se désolidariser ces dernières semaines.
Tout se passait comme si les liquidités retranchées du Vieux Continent avaient servi à soutenir les indices US jusqu'à l'extrême limite de la résistance aux vents contraires qui soufflent sur les marchés depuis le début du mois de juin.

Wall Street avait pris l'habitude de terminer le mois calendaire au plus haut depuis fin février et ce même scénario semblait en passe d'être réédité pour le 6ème mois consécutif pas plus tard que mardi soir avec un dernier test en intraday des 1.985Pts.

Et puis tout a déraillé ce jeudi 31 juillet, pour tout un faisceau de raisons qui avaient été jusqu'ici ostensiblement sous estimées ('downplayed'): peu importait l'actualité géopolitique, les contreperformances économiques et les incertitudes... car avec des banques centrales à la manoeuvre et prenant toutes les précautions pour assurer un été confortable aux marchés, il ne pouvait tout simplement rien arriver de fâcheux et chaque repli devait être salué comme une opportunité d'achat.

Le consensus d'un été sans volatilité, à la limite soporifique -avec des indices oscillant jusqu'en septembre au sein d'un 'range' étroit- recueillait tous les suffrages.
Les professionnels partaient en vacance l'esprit tranquille: si la montée des tensions russo-occidentales, le chaos en Lybie et l'offensive d'Israël contre le Hamas n'avait pas fait reculer Wall Street de plus de 1,2% -au pire- depuis 4 semaines, rien ne ferait baisser les marchés cet été.

Alors cette séance du 31 juillet n'est peut-être qu'un 'accident', l'exception qui confirme la règle... un occasion unique de sauter dans le train de la hausse qui va redémarrer dès demain avec les statistiques de l'emploi, histoire d'entamer le mois d'août du bon pied et de finir la semaine sur une hausse comme le veut la tradition depuis 3 mois

Le S&P500 (-2% à 1.930) subit sa 3ème plus lourde correction de l'année après les séances du 24 janvier et 10 avril (-2,09%) puis 3 février (-2,28%), avec 95% de titres en repli.
Mais la différence, c'est la cassure des supports court terme et l'envolée de +26,3% du 'VIX' à 16,8.

Le Dow Jones chute de -317Pts (-1,88%) et subit sa plus lourde correction en nombre de points depuis le 3 février... il passe même dans le rouge sur l'année 2014.
Le Nasdaq dévisse de -2,2% et le Russel-2000 de -2,1% et le Russel-2000 de -2,3%.

Pour expliquer cette baisse du jour, les commentateurs évoquent le contexte géopolitique, délibérément ignoré depuis que le jeu des sanctions à l'encontre de Moscou a débuté fin février... mais Vladimir Poutine se dit prêt à riposter avec l'annonce de sanctions supplémentaires contre son pays, des dispositions sans précédent depuis la Guerre froide.
Le Maître du Kremlin a en particulier évoqué une hausse des prix de l'énergie dont les répercussions économiques globales sont difficiles à évaluer, mais qui pourrait qui pourrait handicaper l'Union européenne.

Il y a également le défaut partiel de l'Argentine (Buenos Aires dévisse de -6,5%) qui pourrait servir de prélude à un 'incident de crédit'... même si cela fait des semaines que le FMI tente de calmer les esprits en martelant que l'Argentine vit quasiment en autarcie financière et que cela n'impactera guère les créanciers étrangers et les pays voisins.

Sur le front purement domestique, les chiffres américains sont décidément difficiles à interpréter: après une hausse surprise de +4% du PIB annoncée la veille, le PMI de Chicago (baromètre majeur de l'activité industrielle dans la région des Grands Lacs) subit une chute aussi brutale qu'inattendue de 62,6 vers 52,6 (-10Pts, du jamais vu depuis octobre 2008) alors que le consensus l'attendait en hausse à 63,5.

Les opérateurs avaient déjà été déçus vers 14H30 par la hausse de 0,7% des coûts salariaux au second trimestre, supérieure aux 0,5% anticipés (qui permettent de contenir l'inflation par les revenus à 2% en rythme annuel).

Les craintes de voir la FED avancer la date d'une hausse de taux ressurgissent même si elles pouvaient être légèrement tempérées par la remontée de +23.000 demandeurs d'indemnité (à 302.000) la semaine passée aux USA... et désormais par ce surprenant PMI de Chicago.

Mais rien n'est joué avant la publication des chiffres officiels de l'emploi demain: les haussiers peuvent encore reprendre la main pour l'été..

En ce qui concerne les titres qui ont pesé sur la tendance ce jeudi, on notait Kraft Food -6,4%, Micron -6,1%, Tripadvisors -5,2%, Allegion -4,2%, eBay -3,8%, Salesforce -3,6%, Comcast -3%, Facebook -2,7%, App;e -2,6%, Verizon et Caterpillar -2,5%, IBM -2,3%, AT&T et Bank of America -2,1%.

Enfin, peu après la clôture et malgré des ventes supérieures aux estimations, Go-Pro plongeait de -8% en 'after hour'.


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