(Actualisé avec Trump §7, réactions)

par Idrees Ali

WASHINGTON, 13 avril (Reuters) - L'armée américaine a annoncé avoir largué jeudi dans l'est de l'Afghanistan une bombe GBU-43, la bombe non nucléaire la plus puissante jamais utilisée dans des combats par Washington, sur des grottes du groupe Etat islamique (EI).

C'est la première fois que les forces américaines utilisent ce type de bombe dans des combats, a précisé le porte-parole du Pentagone, Adam Stump.

La semaine dernière, un soldat américain a été tué en Afghanistan, dans la même région, pendant une opération contre l'EI.

L'engin a été largué d'un avion de transport MC-130 dans le district d'Achin de la province de Nangarhar, à proximité de la frontière pakistanaise, a ajouté le porte-parole du Pentagone.

Qualifié de "mère de toutes les bombes" pour sa puissance, l'engin de plus de neuf tonnes guidé par GPS a été testé pour la première fois en mars 2003, quelques jours avant le début de la guerre en Irak. L'arme est jugée particulièrement efficace contre les cibles en surface ou à quelques mètres de profondeur.

Quinze ans après le renversement du régime taliban par les forces américaines, le pays reste régulièrement frappé par des attaques de taliban ou d'autres groupes islamistes. Environ 8.400 militaires américains y sont toujours stationnés.

Le général John Nicholson, commandant du corps expéditionnaire américain en Afghanistan, a précisé que la bombe visait des grottes et des bunkers abritant des combattants de l'EI en Afghanistan.

Le général américain a réclamé en février plusieurs milliers de troupes supplémentaires pour faire la différence dans la guerre contre les taliban.

Donald Trump, qui a fourni peu d'indices quant à sa stratégie en Afghanistan, a décrit le bombardement comme une "mission très réussie".

On ignore encore l'étendue des dégâts causés par la bombe.

Après une campagne axée sur la lutte contre l'EI, Donald Trump a fait volte-face la semaine dernière en ordonnant une frappe sur une base aérienne du régime syrien, une décision que n'avait jamais prise son prédécesseur démocrate Barack Obama.

"Si vous regardez ce qui est arrivé ces huit dernières semaines et que vous le comparez à ce qui est arrivé ces huit dernières années, vous verrez qu'il y une différence énorme", a déclaré Donald Trump à des journalistes jeudi.

LUTTE CONTRE L'EI

Le porte-parole de la Maison blanche, Sean Spicer, a ouvert sa conférence de presse quotidienne sur le sujet: "Nous avons ciblé un système de tunnels et de grottes qu'utilisent les combattants de l'EI pour se mouvoir librement, ce qui facilite des attaques sur des conseillers militaires américains et les forces afghanes dans la région", a-t-il déclaré.

La bombe, décrite par Spicer comme "une grande arme puissante et précisément délivrée" a été lancée aux environs de 19h00 locales, a-t-il précisé, ajoutant que "toutes les précautions nécessaires pour éviter des victimes civiles et des dommages collatéraux" avaient été prises.

Pour certains experts, l'utilisation de l'arme spécialisée est liée à la spécificité des cibles -- des tunnels -- et ne représente pas forcément une mise en garde envoyée par les Etats-Unis au reste du monde.

Pour Mark Cancian, conseiller du cercle de réflexion Center for Strategic and International Studies, si l'envoi d'un message d'avertissement à la Syrie ou à la Corée du Nord a pu entrer en ligne de compte, ce n'est pas la raison principale de l'utilisation de ce type d'arme.

Pour l'élue démocrate Barbara Lee, la seule à avoir voté "non" au Congrès à l'intervention américaine en Afghanistan en 2001, la mesure requiert des explications.

"Le président Trump doit des explications au peuple américain sur l'escalade de la force militaire en Afghanistan et sa stratégie de long terme contre l'EI", a-t-elle déclaré.

Les experts militaires américains estiment que la majeure partie des membres de l'EI en Afghanistan sont situés dans la province de Nangarhar et celle, voisine, de Kunar.

Certains responsables américains jugent que 700 combattants de l'EI seraient présents dans le pays, quand des responsables afghans font état de plus du double.

Les taliban afghans, qui tentent de renverser le gouvernement de Kaboul soutenu par Washington, sont opposés à l'EI dans une lutte pour étendre leur territoire et leur sphère d'influence. (Will Dunham, Steve Holland et Patricia Zengerle; Julie Carriat pour le service français)