(Actualisé avec éléments d'analyse)

WASHINGTON, 29 septembre (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a déclaré jeudi que les Etats-Unis étaient sur le point de suspendre leurs discussions avec la Russie sur la Syrie.

Les bombardements "aveugles" que subit la Syrie sont totalement contraires au droit de la guerre, a estimé le secrétaire d'Etat, pour qui Washington va devoir chercher "d'autres voies" concernant la Syrie si la situation perdure.

"Nous sommes en passe de suspendre les discussions, car il est absurde, tandis qu'ont lieu de tels bombardements, de continuer à négocier pour aborder les choses sérieusement", a-t-il dit à Washington. "Nous en sommes arrivés à un moment où nous allons devoir chercher d'autres voies", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis avaient déjà haussé le ton ces derniers jours contre Moscou tandis que, selon des responsables américains interrogés mercredi, l'administration Obama a commencé à envisager des réponses plus dures, y compris militaires, face à l'offensive menée par le régime syrien et son allié russe depuis la semaine dernière à Alep.

"Le président a demandé à toutes les agences d'avancer des options, certaines connues, certaines nouvelles, que nous examinons très activement", a confirmé, sans plus de détails, le secrétaire d'Etat adjoint Antony Blinken auditionné jeudi par des parlementaires.

Mais Washington, disent en privé des membres de l'administration, a été pris au dépourvu par l'évolution de la situation en Syrie, de l'effondrement du cessez-le-feu au déclenchement de la bataille d'Alep.

"Au fond, Kerry et la Maison blanche avaient tout misé sur la voie diplomatique en présumant que Poutine ne voudrait pas que la Russie se retrouve enlisée dans un nouvel Afghanistan et qu'il tenterait un moyen de l'éviter", a dit un de ces responsables.

Mais les Russes, ajoute-t-il, "n'ont jamais été sérieux sur quoi que ce soit d'autre qu'une apparence de négociations".

"Le pire, c'est qu'ils se sont servis de la foi placée par Kerry dans ces pourparlers pour masser des forces, donner une chance aux gars d'Assad de se rétablir et de se préparer à ce à quoi nous assistons à présent. Si vous voulez mon avis, ils se sont joués de nous."

Désormais, confie un autre responsable, l'administration américaine se retrouve à nouveau contrainte de riposter à une initiative russe, comme ce fut le cas après l'annexion de la Crimée en mars 2014.

VOIR AUSSI

CHRONOLOGIE de l'accord de cessez-le-feu de Genève à la bataille d'Alep (Lesley Wroughton et Arshad Mohammed; Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)