Il est illusoire de penser que l'émission d'un instrument de dette commun à la zone euro - des euro-obligations - serait une solution à la crise, a déclaré vendredi le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, dans un entretien accordé au journal Le Monde.

"Croire que les eurobonds résoudront la crise actuelle est une illusion", a estimé Jens Weidmann.

Lors d'un sommet informel des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne mercredi soir à Bruxelles, le président français François Hollande a proposé l'émission d'euro-obligations en tant qu'outil que pourrait utiliser l'Europe pour relancer sa croissance. La chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part déclaré, comme Jens Weidman, que l'émission commune d'obligations souveraines ne contribuerait aucunement à la croissance et que cette idée était en outre contraire aux traités européens.

Dans cet entretien publié sur le site du Monde, Jens Weidmann s'en prend également à d'autres idées avancées par François Hollande lors de sa campagne, comme celle de faire jouer à la BCE un plus grand rôle dans la relance de la croissance.

"Notre mandat est limité et [...] il faut s'y tenir", a souligné le banquier central. "Depuis le début de la crise financière, le bilan de l'eurosystème a plus que doublé, l'institution a pris des risques considérables pour éviter un effondrement du système. Nous sommes arrivés à la limite de notre mandat, notamment avec des mesures non conventionnelles", a-t-il ajouté.

Jens Weidmann a par ailleurs rappelé que l'injection de 1.000 milliards d'euros à laquelle a procédé la BCE lors de ses opérations de refinancement à long terme (LTRO)n'était pas sans danger, dans la mesure où elle pourrait retarder les ajustements nécessaires dans le secteur bancaire.

Le président de la Bundesbank a également déclaré qu'il s'opposait à l'attribution d'une licence bancaire au Mécanisme européen de stabilité (MES), qui lui permettrait d'emprunter auprès de la BCE pour augmenter sa puissance de feu.

Concernant la Grèce, Jens Weidmann a indiqué que le pays devait tenir ses engagements, sans quoi "l'aide devrait être arrêtée".

"Sinon, les accords n'auraient plus de crédibilité, car nous ferions des transferts non conditionnés", a-t-il expliqué.

Interrogé sur l'éventuelle préparation à une sortie de la Grèce de la zone euro, Jens Weidmann a déclaré qu'il avait "pour principe" de ne jamais répondre à cette question.

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(Version française Emilie Palvadeau)